Pascale Warda, ministre de l’Immigration et des Réfugiés dans le gouvernement de transition en 2004, est issue d’une famille assyro-chaldéenne, de confession chrétienne. Elle fait partie de cette minorité menacée par le groupe Etat islamique et elle revient sur la situation des chrétiens en Irak, qui se sentent "abandonnés et déracinés".
"C'est une situation de désarroi, de camp." Devant une situation provisoire qui dure, des logements de fortune qui deviennent pérenne, la ministre lâche: "Les gens sont à bout de nerf et d'espoir. La communauté chrétienne vit mal, s'exile, sans même savoir où aller. Nous n'avons aucun pays qui nous protège."
Alors que des bâtiments sont vides, les gens sont laissés comme des réfugiés dans leur propre pays.
Selon l'ex-ministre, "le désarroi est partout". "Nous avons besoin d'un plan gouvernemental et international. A Erbil (capitale irakienne du Kurdistan dans le nord de l'Irak, n.d.l.r.), il y a des monuments magnifiques et des maisons vides. Le gouvernement aurait pu faire un contrat avec le gouvernement régional pour y loger des déplacés irakiens. Au lieu de cela, les gens sont laissés comme réfugiés dans leur propre pays. C'est honteux.
Gouvernements discrédités
Pascale Warda pointe avec véhémence les manquements de la classe politique. "Nous avons des gouvernements faibles et non professionnels, discrédités aux yeux mêmes du peuple", vitupère-t-elle, alors que la semaine dernière le Parlement irakien a été envahi par des manifestants.
Lire aussi: Des milliers d'Irakiens en colère s'introduisent dans le Parlement
Au sujet d'une "libanisation" de l'Irak, la ministre se montre sceptique: "Eux au moins ont réussi à trouver une formule qui leur corresponde. Ici, ça ne marcherait pas, à cause de l'islam politique: cette division ne nous mènera jamais à l'unité du pays."
"Ce qu'il faut, c'est une sphère politique experte, ce que nous n'avons pas en Irak", déclare encore Pascale Warda. L'ex-ministre fait par ailleurs l'objet du livre "Une rose en Irak" paru récemment, écrit par la journaliste espagnole Ana Gil.
kkub