"Hissène Habré, la Chambre vous déclare coupable (...) des crimes contre l'humanité de viol, d'esclavage forcé, d'homicide volontaire, de pratique massive et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvement de personnes suivi de leur disparition, de tortures et d'actes inhumains", a déclaré le président du tribunal.
Hissène Habré a aussi été reconnu coupable "de crimes autonomes de tortures" et "des crimes de guerre d'homicide volontaire, de torture, de traitement inhumain et détention illégale" ainsi que "des crimes de guerre de meurtre, de torture et de traitement cruel".
Un bourreau implacable
Hissène Habré s'est emparé du pouvoir par les armes en 1982, devenant rapidement un bourreau implacable, architecte d'une répression terrible qui marquera les 8 ans de son règne. Lors de son procès, l'ex-président a été qualifié de "véritable chef de service" de l'appareil de répression par le procureur spécial.
La Belgique, qui avait délivré en 2005 un mandat d'arrêt international contre Hissène Habré, a salué lundi sa condamnation. "La Belgique félicite le Sénégal pour son courage et sa détermination à rendre justice aux victimes, permettant de faire avancer la lutte contre l'impunité", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.
afp/ptur/fme
Le bilan de la répression estimé à 40'000 morts
Hissène Habré a dirigé le Tchad pendant 8 ans (1982-1990) avant d'être renversé par un de ses ex-collaborateurs, l'actuel président Idriss Déby Itno, et de se réfugier au Sénégal en 1990.
Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous Hissène Habré à quelque 40'000 morts.
Verdict salué par les parties civiles
Le verdict a été salué par les parties civiles et des organisations de défense des droits de l'Homme qui les soutiennent, et décrié par des partisans de Hissène Habré.
"La condamnation de Hissène Habré pour ces crimes atroces 25 ans plus tard représente une immense victoire pour les victimes tchadiennes", a affirmé dans un bref message à la presse Reed Brody, cheville ouvrière de cette procédure au sein de Human Rights Watch (HRW).
A l'opposé, pour Mahamat Togoi, du collectif de soutien à Hissène Habré: "ce qu'on a vu aujourd'hui ce n'est pas de la justice, c'est un crime contre l'Afrique", a-t-il lancé.
"Historique"
"Ce verdict est aussi historique que durement acquis", a commenté de son côté le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU dans un communiqué.
Il "envoie un message clair aux personnes responsables de graves violations des droits humains à travers le monde pour leur dire que nul n'est au-dessus de la loi et qu'elles pourraient aussi être traduites en justice pour leurs crimes", a poursuivi Zeïd Ra'ad Al Hussein.