Les six jeunes migrants qui venaient de Raqqa voulaient continuer leurs études en Europe. Aujourd'hui, quatre d'entre eux sont en Allemagne, le plus jeune, 13 ans, est en Suède et Nayef, 20 ans, a réussi à passer en Grande-Bretagne après avoir passé sept mois dans l'enfer de la "jungle" de Calais.
Dans ce camp, il a tout vécu: le froid, la faim, les excréments, les bagarres et les arrestations. Il n'a pourtant jamais baissé les bras et après un nombre incalculable d'échecs, il a réussi à passer de l'autre côté de la Manche le 9 mai dernier.
Une traversée clandestine et dangereuse
Sans trop dévoiler les secrets des migrants, la technique est la suivante: d'abord mettre sur la route qui mène à l'embarcadère plusieurs objets qui forcent les camions à ralentir, mais il est important qu'ils ne s'arrêtent pas car tout camion qui s'arrête est systématiquement contrôlé.
Ensuite, il faut pouvoir sauter dans le camion, précisément entre la cabine du véhicule et la remorque du camion avant de faire un trou dans la bâche et sauter dans la remorque. Le tout en 15 secondes maximum.
J'ai mis ma vie en danger
"C'était super dangereux, j’ai mis ma vie en danger et je me suis blessé à de nombreuses reprises. Je ne veux pas dire aux gens de faire ça. Les passeurs sont très avides, ils demandaient 11’000 livres. Mais j’y suis arrivé seul et pour ça, je suis très fier", a indiqué Nayef dans l'émission Tout un monde.
Le chauffeur n'a rien remarqué mais a eu très peur lorsqu'il a vu Nayef sortir du toit de son véhicule. Pour ne pas lui apporter des ennuis, Nayef a fui et est allé directement se dénoncer à la police.
Sa vie à Sunderland
Après quelques heures en prison à Douvres, il a été transféré à Londres avant d'être placé dans un centre d'accueil à Wakefield, près de Leeds. Il est à présent à Sunderland, près de Newcastle dans le nord de l'Angleterre. Il vit dans une petite maison qu'il partage avec quatre autres réfugiés, également en attente d'admission.
J’ai l’impression d’être à nouveau un citoyen comme les autres
"Je n'ai pas beaucoup de contact avec les autorités britanniques. On m’envoie une enveloppe avec de l’argent et de temps en temps on me pose une question par courrier, mais je n’ai pas une personne de référence à qui je peux m’adresser", a encore expliqué Nayef.
Il reçoit 5 livres par jour (soit 7,50 francs) pour couvrir ses besoins élémentaires, de la nourriture aux habits en passant par la lessive. Il n'a pas le droit de travailler. Aucun cours d'anglais ne lui est proposé. Il doit apprendre seul à se débrouiller dans sa nouvelle vie en attendant son permis.
Nicolae Schiau/lan