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"David Cameron n'aura pas d'autre choix que de partir après le vote"

Sir Graham Watson. [APA-FOTO - Herbert Neubauer]
Sir Graham Watson, ancien député européen britannique / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 14 juin 2016
La crise au sein du parti conservateur britannique qui a mené au vote sur un éventuel Brexit va perdurer, prédit l'ancien député européen Graham Watson. Cela conduira le Premier ministre à la démission.

Les sondages ne parviennent pas à dégager un vainqueur lors du scrutin du 23 juin sur le Brexit, qui décidera du maintien ou non des Britanniques dans l'Union européenne.

"Il n'y a jamais eu de demande populaire pour un référendum", rappelle Graham Watson, invité du Journal du Matin à la RTS. C'est une crise au sein du parti conservateur qui a conduit à l'état "pitoyable" dans lequel on se trouve actuellement, estime le Britannique.

Avant même d'être Premier ministre, David Cameron exprimait déjà son ras-le-bol d'une bataille incessante sur l'UE au sein de son parti. Mais la bataille a continué et elle sera, selon Graham Watson, encore plus vive après le vote qu'avant. "Personne ne va gagner avec une grande majorité, donc la guerre civile à l'intérieur du parti continuera."

Dès lors, les conservateurs ne "seront plus capables de gouverner le pays et David Cameron n'aura pas d'autre choix que de partir."

Trop jouer sur la peur

Graham Watson critique par ailleurs la campagne de peur instiguée par le Premier ministre. "Les pro-Européens ont manqué l'occasion d'expliquer aux Britanniques ce qu'est l'UE, comment elle fonctionne et quels sont ses avantages. Ils n'ont parlé que des désavantages d'un Brexit, jouant sur la peur. Et ça ne fonctionne pas."

Bien que le vote pour rester dans l'UE a gagné le débat intellectuel, il n'a pas gagné le débat émotionnel.

Graham Watson, ancien député européen britannique et ex-président de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe.

Selon lui, la confiance avec la population a été rompue: "Les deux côtés ont tellement exagéré que les électeurs ne savent plus qui croire. Ils ne croient plus les statistiques employées d'un côté ou de l'autre. Ils sont même en colère contre le fait que le gouvernement rapporte sur le pays ce qui est en réalité une bagarre au sein du parti conservateur", conclut-il.

fme

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L'agenda positif du maintien dans l'UE

L'ancien député européen Graham Watson a évoqué au micro de la RTS plusieurs avantages au maintien dans l'Union européenne. Parmi eux, le fait que la Grande-Bretagne gagne la grande majorité de ses batailles à Bruxelles. Elle réussit souvent à avoir plus d’influence sur le développement de l'UE que l'Allemagne, par exemple.

Autre point évoqué, les avantages d'un marché unique, notamment le droit automatique d'aller vivre, étudier, d'acheter de l'immobilier ou d'avoir des soins hospitaliers dans les autres pays.

"Il aurait fallut rappeler que l'Union européenne, dans un monde très difficile et parfois dangereux, est une forme de solidarité dont nous avons besoin. Or, ces éléments sont totalement absents du débat. Tout le monde dit que la cinquième puissance du monde n'a pas besoin de l'UE. C'est faux."