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"Ceux qui voulaient le Brexit n'avaient aucun plan pour le jour d'après"

Enrico Letta. [Anadolu Agency/AFP - Tolga Akmen]
"Ceux qui voulaient le Brexit n'avaient aucun plan pour le jour d'après" / Forum / 14 min. / le 29 juin 2016
L'ancien président du Conseil italien, Enrico Letta, qui regrette la décision des Britanniques de sortir de l'Union européenne, pense que la réponse au Brexit sera une solution basée sur le modèle norvégien, a-t-il confié à la RTS.

"Le spectacle qu'offre l'Europe nous touche tous, le fait qu'on ait compris que même ceux qui voulaient le Brexit n'avaient aucun plan pour le jour d'après est naturellement un grand problème", a dit Enrico Letta, interrogé dans l'émission Forum.

L'actuel directeur de l'École des affaires internationales de Sciences Po Paris relève "qu'entendre aujourd'hui qu'il faut attendre des mois avant de savoir comment le divorce qu'ils ont décidé va se mettre en marche, n'aide pas."

Il faut des initiatives très concrètes des institutions européennes pour donner aux citoyens l'idée que l'Europe les protège.

Enrico Letta

Mais il espère que cette situation va pousser l'Europe à trouver des solutions. "Cette crise va créer une grande prise de conscience et la relance ne peut qu'être liée aux sujets des citoyens européens, c'est-à-dire le chômage des jeunes, la sécurité, la gestion des phénomènes migratoires. Il faut des initiatives très concrètes des institutions européennes pour donner aux citoyens l'idée que l'Europe les protège."

Mais l'Union européenne doit agir maintenant si elle veut rester influente sur la scène internationale, selon Enrico Letta. "Si on ne pousse pas en avant, on n'aura pas de destin commun et on aura peu d'influence. L'autre option, que je pense être la seule, c'est celle d'une intégration. Les grands pays de l'Union européenne doivent faire en sorte que l'euro marche bien et protéger leurs citoyens pour rester influents dans dix ans".

Une solution norvégienne

Pour ce qui est des solutions à envisager avec le Royaume-Uni, l'ancien président du Conseil italien cite le modèle suisse, bien qu'il penche pour la solution appliquée aujourd'hui par la Norvège. "Ca veut dire que la Grande-Bretagne sera liée au marché unique européen, sans être dans les institutions européennes. Elle aura les avantages, mais ne pourra pas décider des lois qu'elle devra appliquer."

lgr

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Ancien président du Conseil italien, aujourd'hui directeur de l'École des affaires internationales de Sciences Po Paris

Quel est le spectacle donné par l'Europe...
"On a un spectacle qui nous touche un peu tous, c'est-à-dire le fait qu'on a compris que même ceux qui voulaient le Brexit n'avaient aucun plan pour le jour après. Ce qui naturellement est un grand problème parce qu'avec leur décision ils sont en train d'influencer notre vie à tous. (...) Entendre aujourd'hui qu'il faut attendre des mois et des mois avant de savoir comment le divorce que eux ils ont décidé va se mettre en marche naturellement ça n 'aide pas."

"J'espère que cette crise va pousser l'Europe à trouver des solutions."

"Je pense que le modèle norvégien, ou le modèle suisse même, peuvent être très intéressant et il faut que cette négociation soit entamée le plus vite possible."

"Il ne faut pas attendre ça pour que l'Europe, l'Europe des 27, ou mieux l'Europe des 19, c'est-à-dire l'Europe qui a l'euro, les pays de l'euro relancent en sachant que si on ne relance pas cette crise va créer une grande prise de conscience sur l'Europe et la relance ne peut que être lié aux sujets des citoyens européens, c'est-à-dire le chômage des jeunes, la sécurité par rapport à tout ce qui est en train de se passer, la gestion des phénomènes migratoires, il faut qu'il y ait trois initiatives de mon point de vue très concrètes des institutions européennes pour donner aux citoyens l'idée que les citoyens viennent avant les institutions, le centre de l'Europe c'est les citoyens, c'est pas les institutions ni politiques ni financièrse et la question principale est que l'Europe protège ses citoyens."


"Je pense qu'à la fin on va avoir une solution à la norvégienne, ça veut dire que la Grande-Bretagne sera liée au marché unique européen sans être dans les institutions européennes. Elle aura les avantages, mais ne pourra pas décider les lois qu'elle devra appliquer, c'est la contradiction la plus énorme que les Britanniques n'ont pas vu."
La conséquence va être je pense un éclatement de la Grande-Bretagne" cf Ecosse et Irlande

L'Europe dans dix ans "deux possibilités, si on ne pousse pas en avant on aura pas de destin commun et on aura peu d'influence de demain, l'autre option que je pense être la seule c'est celle d'une intégration partant des grands pays de l'UE qui doivent ensemble à chercher à faire en sorte que l'Euro marche bien et protéger ses citoyens pour rester influents dans dix ans".