"Ne comparons pas la Suisse et la Grande-Bretagne", a clamé Pascal Lamy, aujourd'hui président émérite du think tank "Notre Europe-Institut Jacques Delors", vendredi matin sur La Première. Taille différente, passé impérial, ambition mondiale: "il n'y a chez les Britanniques rien de la modestie suisse", justifie cet expert français pour lequel on se trouve, une semaine après le Brexit, dans l'inconnu.
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Recourant à la métaphore d'un divorce, Pascal Lamy estime que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne se fera au cours de deux processus successifs. D'abord la décohabitation, ensuite la garde des enfants.
Il ne va pas sortir du Brexit autre chose qu'une omelette compliquée
Autrement dit, après avoir retiré "les 8000 rivets" qui tiennent ensemble les réglementations européenne et britannique, il restera à savoir quel type de relation chaque partie veut conserver. "Il ne va pas sortir autre chose qu'une omelette compliquée", prévoit l'ex-directeur de l'OMC.
"L'expérience suisse avec ses succès et ses échecs est très mitigée", juge-t-il, ajoutant que "l'écheveau des bilatérales n'est pas très stable" tant il dépend des relations entre Berne et Bruxelles.
Pas d'Europe à la carte
De fait, aucun des modèles trouvés entre l'Union européenne et des Etats tiers, qu'il s'agisse de la Suisse, de la Norvège ou de la Turquie ne convient au Royaume-Uni. "La Suisse fait partie de Schengen, elle paie pour cela, et cela, les Britanniques ne le veulent pas. Quant à la Norvège, elle a intégré la libre circulation complète et cela non plus ils ne le veulent pas", détaille-t-il.
Pascal Lamy espère toutefois que ce référendum britannique mettra fin à l'idée d'une Europe à la carte. "Soit on est dedans, soit on est dehors", tranche-t-il. "Et le menu ne peut pas être meilleur pour ceux qui sont à l'extérieur que pour ceux qui sont à l'intérieur". Pour lui, c'est une question de principe.
jgal