En Italie, il n'y a pas que Venise et Florence qui souffrent du tourisme de masse. La côte ligurienne des "Cinque Terre", au sud de Gênes, a vu en 2015 plus de 2,5 millions de touristes se faufiler de village en village, le long de ses étroits et très fragiles sentiers, forgés par la main des hommes pour rejoindre les vignobles. Mais aujourd'hui, les paysans sont remplacés par des promeneurs qui viennent du monde entier.
Dans la petite gare de Manarola, il n'y a plus vraiment de basse saison. Toutes les demi heures, un train arrive avec sa cargaison de touristes.
Ceux-ci s'ajoutent aux dizaines de groupes qui sont déjà descendus des bateaux de croisière pour visiter en coup de vent les cinq villages qui composent les "Cinque Terre".
Pour les habitants de Manarola, comme Gianni Capellini, qui louent des chambres aux visiteurs individuels, ces groupes nuisent au tourisme de qualité: "Chaque matin à Manarola, arrivent en plus des trains entre 20 et 40 autocars, avec 60 personnes à bord. De voir 1000 à 2000 personnes alors qu'ici nous avons 250 habitants... C'est difficilement supportable", souffle l'hôte.
Sentiers abîmés
Quelque 4000 habitants seulement résident dans les cinq villages, alors que 3200 lits sont offerts aux touristes. Parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui parcourent les célèbres sentiers.
En file indienne, les marcheurs empruntent ces chemins pentus et pierreux, un effort indispensable pour se régaler de la vue des paysages classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais ces incessants passages abîment les sentiers.
Les géologues ont décidé de placer des compteurs de pas, invisibles mais éloquents, à en croire Matteo Perrone, géologue au parc national des "Cinque Terre":
"Regardez ici, entre midi et 13 heures, nous avons eu un pic de passages, avec 750 marcheurs en une heure. Ces chiffres ont un impact très important. Non seulement sur le sentier lui-même qui se détériore, mais cela représente par conséquent un risque aussi pour les randonneurs."
"L'agriculture abandonnée au profit du tourisme
Les passages des touristes provoquent en effet des éboulements de sentiers et donc des murs en pierre sèches. Certains habitants ont décidé de s'organiser en coopérative pour faire réparer les murs et cultiver les terres.
D'après Fabrizio Cappellini, de la Fondation pour sauver Manarola, les conditions de vie ont totalement changé: "l'agriculture a été presque entièrement abandonnée au profit du tourisme. C'est par conséquent toute notre communauté qui doit maintenant sauver ce territoire."