Publié

Quand un podcast à succès permet de rouvrir un procès aux Etats-Unis

La série radiophonique "Serial". [Facebook - Serial]
Le podcast "Serial" soulève des questions sur l'influence des médias sur la justice américaine / Tout un monde / 6 min. / le 7 juillet 2016
Le feuilleton américain "Serial" révolutionne depuis 2014 la manière de faire de la radio aux Etats-Unis et ailleurs. Cette série d'investigation a rejoint la réalité la semaine dernière en permettant la réouverture d'un procès.

La première saison de "Serial", diffusée en 2014 par la radio publique américaine, raconte le meurtre d'une jeune étudiante il y a 17 ans et la condamnation à la prison à vie de son ancien petit ami. Le podcast passionne alors le public qui se jette sur ces épisodes d'une heure chaque semaine, suivant la progression de la journaliste Sarah Koenig dans sa propre enquête.

Durant l'investigation, les auditeurs apprennent qu'une femme qui offrait un alibi à l'accusé n'a jamais été entendue comme témoin. Ces interrogations ont été entendues par la justice américaine deux ans plus tard, un juge de Baltimore ayant décidé la semaine dernière d'accorder un nouveau procès au petit ami de la victime, raconte jeudi "Tout un monde".

Le juge a estimé que l'ancienne avocate du jeune homme l'avait alors mal défendu, notamment en omettant d'appeler à la barre cet important témoin.

Enquête des auditeurs et pression médiatique

Lorsque la première saison de "Serial" a pris fin, des communautés d'auditeurs ont continué l'enquête sur Facebook, Reddit et d'autres forums en ligne, et mis en évidence ses zones d'ombre.

L'affaire soulève ainsi de nouvelles questions quant à l'influence des médias sur la justice aux Etats-Unis. La famille de la victime est d'ailleurs furieuse de l'attention portée au cas, croyant à la culpabilité de l'ancien petit ami, aujourd'hui âgé de 35 ans.

La contre-enquête et la traque aux erreurs judiciaires représentent cependant une vraie tradition aux Etats-Unis où la peine de mort et les particularités du système judiciaire accroissent l'importance des contre-pouvoirs. Par exemple, "Serial" a été aidé par le "Innocence Project" de l'Université de Virginie qui a déjà innocenté 342 condamnés depuis 1992.

Philippe Revaz/tmun

Publié

Des séries qui remettent en question la culpabilité ou l'innocence

"Innocence Project" avait déjà travaillé sur une affaire qui avait fait l'objet d'une série, "Making a Murderer" sur Netflix. Les producteurs du feuilleton TV avaient alors été accusés de n'avoir gardé que les éléments à décharge du condamné.

Sur HBO en 2015, la série "Jinx" avait quant à elle permis l'arrestation du suspect dans une affaire de meurtres. L'homme s'était fait interpeller à la veille du dernier épisode. S'étant rendu aux toilettes en croyant que son micro était fermé, il avait avoué les avoir "tous tués". Il a fini en prison en Louisiane.