Tout a commencé avec le témoignage sur Facebook d’une journaliste ukrainienne racontant les violences dont elle a été victime depuis son plus jeune âge. Il a suscité des centaines de commentaires, et de nombreuses autres femmes ont commencé à raconter pour la première fois de leur vie les viols, harcèlements ou agressions qu’elles ont subies de la part de leurs proches, voisins ou collègues, sous le hashtag "Je n'ai pas peur de parler".
Réactions très diverses des internautes
Ces confessions ont provoqué des réactions tant de soutien que de rejet. Certains hommes se disent solidaires mais prétendent découvrir seulement aujourd’hui l’ampleur de ces violences. D'autres internautes, ou des experts cités par certains médias, estiment que ces femmes ne disent pas toutes la vérité. Et même si elles ont été victimes, mieux vaut ne pas en parler publiquement, estiment-t-il, cela pourrait les mettre dans l’embarras et créer plus de problèmes. Au lieu de discuter de comment lutter contre ces violences, une partie de la société en est donc encore à se demander s’il faut ou non en parler.
En attente d'avancées légales
En Russie, un projet de loi pour faire de la violence domestique une infraction pénale à part entière est en cours, mais il n’a pas été voté. Et s’il existe une loi contre le viol, il n’en va pas de même pour le harcèlement, considéré comme un problème mineur voire un prétexte chez certains pour faire de l’humour mal placé.
Mais une génération de cyberféministes est en train d’émerger en Russie et cette campagne spontanée sur internet en est la preuve, estime une jeune féministe russe contactée par la RTS. Cette dernière ajoute que, si le régime soviétique a prôné l’émancipation des femmes et leur a donné beaucoup de droits formels, le régime a aussi encouragé les stéréotypes patriarcaux contre lesquels il est difficile de lutter, encore aujourd’hui.
Isabelle Cornaz/oang