Chronologie, mode opératoire, profil du terroriste: ce que l'on sait de l'attentat de Nice
- Le déroulement des faits: une course meurtrière sur 2 km
Vers 22h45, une foule estimée à 30'000 personnes est massée sur la très touristique Promenade des Anglais pour les traditionnelles festivités du 14 Juillet. Le feu d'artifice vient de s'achever quand un camion blanc de 19 tonnes, loué quelques jours plus tôt dans la région, fonce dans la foule. L'enquête devra déterminer comment le poids lourd a pu pénétrer sur la Promenade, fermée à la circulation et ultrasécurisée pour la fête nationale.
Le véhicule écrase sur une distance de deux kilomètres les personnes se trouvant sur son chemin, dont plusieurs enfants. "Il a changé de trajet au moins une fois. Il a clairement cherché à faire un maximum de victimes", a détaillé une source policière.
Le conducteur, un homme qui circulait seul, a tiré à plusieurs reprises avec un pistolet avant d'être abattu par la police. La course meurtrière de son véhicule s'arrête à proximité du Palais de la Méditerranée, un luxueux complexe hôtelier, pneus crevés, porte passager et pare-brise criblés de balles.
- Le bilan: 84 morts dont 10 enfants
L'attentat a fait 84 morts, "dont 10 enfants et adolescents", selon François Molins, le procureur chargé de l'enquête.
Au total, 202 personnes ont également été blessées dans cette attaque et 52 d'entre elles se trouvaient toujours entre la vie et la mort vendredi après-midi, a précisé le magistrat.
Deux Suisses, une femme et un enfant, comptent parmi les victimes et il n'est pas exclu que la liste s'allonge, a fait savoir vendredi la Chancellerie fédérale.
- L'auteur des faits: un Tunisien non fiché "S"
Le chauffeur du camion a été "formellement identifié" par des sources policières comme le propriétaire de papiers d'identité retrouvés à l'intérieur du véhicule, a confirmé le procureur de la République vendredi durant une conférence de presse. Il s'agit d'un Tunisien de 31 ans né dans la banlieue de Sousse et domicilié à Nice. Il était marié et père de famille.
Ses voisins le décrivent comme un homme "solitaire" et "silencieux", qui n'avait pas l'apparence d'une personne religieuse. La police a mené vendredi matin une perquisition à son domicile.
Selon le procureur, l'homme n'était pas connu des services de renseignement pour radicalisation. Il était en revanche connu de la police pour des faits de droit commun, principalement des violences. Le conducteur était seul à bord du véhicule, reste à déterminer s'il a pu bénéficier de complicités dans la préparation des faits.
La présence d'armes factices (une "grenade inopérante" et "des armes longues factices", selon une source proche des enquêteurs) dans son camion pose des questions sur son profil; l'enquête devra déterminer s'il a agi seul ou sur commande.
- Le mode opératoire: un acte "terroriste" évoquant les groupes djihadistes
Le président François Hollande a évoqué, quelques heures après les faits, "une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié". La tuerie n'a à ce stade pas été revendiquée, mais le choix du mode opératoire et de cette date hautement symbolique évoquent les consignes de groupes djihadistes comme Al-Qaïda ou l'organisation Etat islamique (EI).
Dans un message audio diffusé en 2014, le porte-parole officiel de l'EI encourageait ainsi ceux qu'il nomme "les soldats du califat" à utiliser n'importe quelle arme disponible. "Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle", leur disait-il, "débrouillez-vous (...) renversez-les avec votre voiture".
L'enquête devra déterminer si l'auteur de l'attentat avait des liens avec les organisations terroristes.
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- L'enquête: quatre hommes en garde à vue
Quatre hommes de l'entourage du Tunisien, auteur de l'attentat de Nice, ont été interpellés et placés en garde à vue, a-t-on appris samedi de source judiciaire française.
Son ex-épouse, arrêtée vendredi, était en outre toujours en garde à vue samedi matin. Parmi les quatre hommes en garde à vue, dont l'identité n'a pas été précisée par la source judiciaire, l'un a été interpellé vendredi et les trois autres samedi matin.
- La réponse de Paris: deuil national et prolongation de l'état d'urgence
François Hollande a décrété trois jours de deuil national en France, de samedi à lundi. Les drapeaux vont être mis en berne sur les édifices publics dès vendredi. Un projet de loi prolongeant jusqu'à fin octobre l'état d'urgence, en vigueur depuis les attaques djihadistes de novembre 2015, sera par ailleurs soumis mercredi et jeudi au Parlement.
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ptur avec afp