Qui sont ces Américains qui miseront sur Donald Trump?

Grand Format

REUTERS - Brian Snyder

Introduction

Donald Trump a été désigné comme le candidat républicain pour la course à la Maison Blanche, malgré ses frasques récurrentes et l'indignation vis-à-vis de ses propos provocateurs. Mais qui sont ceux qui promettent de voter pour lui le 8 novembre? Portraits.

Le cliché de l'homme blanc de classe moyenne

Tout au long de la primaire républicaine, les politologues et analystes ont tenté de dresser le portrait de l'électeur-type qui glissera le nom de Donald Trump dans l'urne pour l'élection présidentielle américaine le 8 novembre.

Le cliché, c'est un homme blanc, plutôt âgé, qui n'a pas de diplôme. Un ouvrier ou un vétéran de l'armée.

En réalité, Donald Trump a réussi à rassembler une "majorité silencieuse", comme elle se surnomme elle-même, qui va bien au-delà de ce stéréotype.

>> Le reportage de notre correspondant lors de la convention républicaine à Cleveland, Ohio, mi-juillet :

Les électeurs de Trump veulent que le système change
19h30 - Publié le 18 juillet 2016

Pas les plus pauvres

Les partisans du républicain sont souvent des gens qui ont souffert de la récession, qui ont été bousculés par la mondialisation et qui sont en colère contre la politique actuelle du gouvernement, tel que Joe Bronco (voir son portrait vidéo ci-dessous). Mais si la classe moyenne plutôt défavorisée est érigée en fervente supportrice de Trump, ses électeurs ne sont en réalité pas forcément les Américains les plus pauvres.

Le revenu moyen d'un ménage acquis à la cause de Donald Trump serait de 72'000 dollars, un peu plus bas que celui de supporters de John Kasich (91'000) ou de Ted Cruz (73'000) - les deux autres candidats républicains en lice lors de la primaire - mais plus élevé que le revenu moyen national qui est de 56'000 dollars.

Un montant également au-dessus de ceux qui choisissent le camp démocrate. Les partisans d'Hillary Clinton bénéficierait d'un revenu moyen par ménage de 61'000 dollars.

Pas les moins éduqués

Donald Trump attire aussi des jeunes, qui ont été vus nombreux lors de ses meetings. Quant au fait qui veut que les sympathisants du milliardaire n'ont pas reçu d'éducation supérieure, c'est également une illusion.

Selon des sondages de sorties des urnes après les primaires, analysés par le site fivethirtyeight, on découvre que 44% des soutiens de Trump ont quitté le collège avec un diplôme d'études supérieures (50% pour les supporters de Ted Cruz et 64% pour John Kasich), soit plus que la moyenne américaine qui est de 29%.

Pas seulement des hommes

Enfin, les femmes se sont-elles aussi ralliées au milliardaire américain malgré ses commentaires désobligeants? Même s'il reste plus populaire chez les hommes, Donald Trump a tout de même remporté le soutien de bon nombre d'électrices (voir aussi l'interview de Kim Love ci-dessous).

Dans l'Etat du Massachussetts, il a par exemple récolté deux fois plus d'appuis féminins que ses deux principaux rivaux lors de la primaire.

Rochester, New York

RTS

Joe Bronco, l'industriel: "Il nous faut un leader fort et efficace"

DR

Les tasses, les assiettes, c’est toute la carrière de Joe Bronco. Il a commencé à travailler chez un géant de la vaisselle qui a fermé il y a 3 ans. Des centaines d’emplois ont été supprimés à cause de la concurrence asiatique. Par la suite, il a décidé de créer sa propre entreprise, Northstar Ceramics, qui compte aujourd'hui 9 employés.

Mais Joe Bronco estime que le gouvernement n'en a pas assez fait pour conserver les entreprises sur le territoire américain, chose que Donald Trump a promis de changer.

>> L'interview de Joe Bronco :

L'interview de Joe Bronco, supporter de Trump
Info en vidéos - Publié le 3 août 2016

Ce qu'il faut à notre pays, pour notre gouvernement, c'est un leader fort et efficace.

Joe Bronco

Le petit entrepreneur vit à Rochester, New York, patrie de Kodak et de Xerox, mais la région a connu un énorme déclin. Plus de 60'000 emplois industriels ont été perdus en 25 ans.

Comme dans le reste de l’Etat, les républicains y ont voté massivement Donald Trump (voir la carte des votes par Etat ci-dessous).

Nick Hart, le vétéran: "Il remettra de l'ordre dans le pays"

Nick Hart est né et a grandi dans la petite ville de Rochester (NY). Ancien sergent du corps des Marines, où il a passé 5 ans de sa vie, il a également servi en Irak et notamment à Falloujah. Il travaille aujourd'hui dans le secteur de la santé.

Je ne veux pas d'un autre politicien à la Maison Blanche. Donald Trump, en tant qu'homme d'affaires qui a réussi et vu son caractère, est la bonne personne pour remettre de l'ordre dans le pays.

Nick Hart

Espérant que les Etats-Unis redevienne le pays le plus puissant du monde, Nick Hart souhaite que la politique de Donald Trump permette de protéger avant tout le pays et ses intérêts, sans forcément vouloir répandre les valeurs américaines dans le reste du monde.

>> L'interview de Nick Hart :

L'interview de Nick Hart, supporter de Donald Trump
Info en vidéos - Publié le 3 août 2016

Binghampton, New York

RTS

Kim et Chris Love, l'infirmière et le syndicaliste: "On est prêt à essayer quelque chose de nouveau"

DR

Kim Love est infirmière scolaire. Elle vit avec son mari Chris qui travaille dans la construction et est membre d'un syndicat. Leur fils, militaire de carrière, est actuellement en service en Corée.

Il parle et dit la vérité, il s'exprime pour des gens comme moi, des gens normaux.

Kim Love

La famille Love habite à proximité de Binghampton, dans l'Etat de New York, une région rurale qui a connu au XXe siècle un essor industriel remarquable. Des entreprises telles qu'IBM ou Johnson Corporation, qui a fabriqué pratiquement toutes les chaussures et bottes de l'armée américaine durant les deux Guerres mondiales, y ont fleuri.

>> L'interview de la famille Love :

L'interview de la famille Love, supporters de Trump
Info en vidéos - Publié le 3 août 2016

J'ai été tellement déçu par les partis et ce qu'ils ont proposé que je suis prêt à essayer quelque chose de nouveau.

Chris Love

Chris Love, le syndicaliste, se dit conscient du fait que Trump est un farouche opposant des syndicats. "Mais beaucoup de gens avec lesquels je travaille sont d'accord avec moi, ils en ont marre de la politique habituelle", explique-t-il. L'ouvrier déplore aussi le fait que des immigrants illégaux puissent posséder les mêmes droits que ceux qui essaient de "faire les choses correctement, c'est pour ça qu'il faut un mur".

Kim Love remarque pour sa part que les immigrés reçoivent plus d'avantages et de compensations financières que les travailleurs américains qui sont nés et ont vécu toute leur vie aux Etats-Unis, comme elle. "Je paie pour eux, dans mon pays, de manière à ce qu'ils aient une meilleure vie que moi", argumente-t-elle.

Alors que Joe, le père de Kim, a voté démocrate toute sa vie, il est prêt cette fois-ci à remettre en question ses conceptions politiques pour voir le marché du travail être relancé et refaire de l'Amérique le numéro un.

Les voix discordantes

Même si le Parti républicain s'est finalement rallié au candidat de la majorité, il reste un certain nombre d'électeurs républicains qui continuent de douter du choix de leur parti.

Le responsable du Parti républicain du comté de Chemung dans l'Etat de New York, Rodney Strange, a été pris de court par le succès de Donald Trump et s'est finalement rangé du côté du parti.

Mais il reste sceptique face à certains de ses propos.

Ce qui me dérange le plus, ce sont ses déclarations racistes. J'ai moi-même deux fils métis qui détestent Trump. Mais l'alternative c'est Hillary Clinton...

Rodney Strange, responsable d'une branche locale du parti républicain

Récemment le candidat à la présidence a même réussi à se mettre à dos l'association des anciens combattants à l'étranger en s'en prenant à la famille d'un soldat musulman mort au combat, érodant cette fois-ci largement ses chances d'obtenir le soutien des vétérans.

Plusieurs sénateurs républicains se sont aussi élevés contre les propos anti-immigration et anti-musulmans de Donald Trump, comme John McCain récemment. La petite-fille de ce dernier a même appelé à voter Hillary Clinton.

Mais il n'est pas sûr que les indignations des ténors du parti suffisent à contrer la majorité silencieuse qui compte bien faire entendre sa voix le 8 novembre.

La primaire républicaine

Quels sont les Etats qui ont choisi de soutenir Donald Trump durant la primaire? Ils sont en rouge sur la carte ci-dessous.

En termes de sondages, à l'issue de la convention républicaine, qui s'était tenue en juillet juste avant celle des démocrates, Donald Trump et Hillary Clinton étaient au coude-à-coude dans les intentions de vote.

Début août, selon le sondage CBS le plus récent, Hillary Clinton est toutefois désormais créditée de 46% des intentions de vote contre 39% pour Donald Trump.

>> Retrouvez tous les articles sur la présidentielle américaine dans notre dossier : Présidentielle américaine

Crédits

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Reportages: Pierre Gobet

Edition et sous-titrages vidéo: Caroline Briner

Textes et réalisation web: Sophie Badoux