Mardi, les députés français décidaient de prolonger l'état d'urgence de six mois supplémentaires, après l'attentat qui a visé la ville de Nice en fin de semaine dernière. Une telle mesure peut-elle empêcher le climat de violence qui touche la France à l'heure actuelle?
"Le pays fait preuve de plus de calme et de contrôle de soi que ce n’était prévisible. Mais il est tout à fait évident que les réserves sont limitées. Cela ne va pas durer indéfiniment", expliquait mercredi matin Alain Touraine sur les ondes de La Première.
Un président absent
Pour le sociologue âgé de 90 ans, "ce n'est pas une hasard si Daech attaque la France de manière particulièrement forte" puisqu'il s'agit "d'un pays fragile depuis longtemps, pour des raisons profondes".
Selon lui, la France se situe, à moins d'an de la présidentielle, dans une "période d'attente où il n'y a pas d'avenir". La raison? L'absence de pouvoir. "Il y a un président de la République dont on sait qu’il est candidat et dont on sait qu’il n’a aucune chance d’être élu", estime Alain Touraine.
"Tout dans l'air, sauf de l'espoir"
Ce climat de tension semble faire les affaires de la droite et particulièrement de son leader Nicolas Sarkozy. "La situation de crise, de violence, lui est favorable. C'est ce qu’il peut espérer de mieux", juge encore le chercheur. L'extrême violence lui permettrait en effet de "se déchaîner" sur le même mode, "avec des propositions très répressives".
Pour Alain Touraine, la situation devrait évoluer en fonction des actions de Daech. "Sur un plan purement politique, l’élément qui se déplace, c’est Nicolas Sarkozy. La politique française est ainsi suspendue aux actions de l'organisation". Et l'espoir, quel est-il? "De tous points de vue, on est au plus loin de la notion d’espoir. Il y a tout dans l’air, sauf de l’espoir".
kg