Recep Tayyip Erdogan, "un conservateur fasciné par la richesse"

Après avoir survécu personnellement et politiquement à la tentative de putsch vendredi en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan se présente aujourd’hui en sauveur du pays et en combattant de la démocratie. Dans une allocution mercredi soir et dans un sms que tous les abonnés ont reçu sur leur téléphone portable, il a appelé les Turcs à résister et à lui faire confiance.

"Les Turcs lui font confiance, c'est évident, et encore plus que d'habitude (…) C'est un homme providentiel pour ce peuple", note Jean-François Pérouse. Interrogé dans Forum, le directeur de l’Institut français d'études anatoliennes (IFEA) à Istanbul souligne que la purge en cours était de toute façon plus ou moins prévue. "Le putsch n'a fait qu'accélérer les choses. C'est sûr que la voie adoptée est une voie radicale (…), cela ne va pas vraiment dans le sens de la réconciliation nationale."

"L'intelligence de ne pas aller trop loin"

Ce spécialiste de la Turquie espère que le pouvoir "aura l'intelligence de profiter d'un certain état de grâce et de ne pas aller trop loin dans le nettoyage."

Jean-François Pérouse décrit le président Recep Tayyip Erdogan comme "un homme de conviction, de foi. C'est un conservateur qui a une certaine vision de la société, du rôle central de la famille dans la société."

Conservatisme religieux et pragmatisme

Sur le plan économique, "c'est un ultra-libéral voire un affairiste, qui est fasciné par la richesse, par les hommes qui réussissent et dont il s'entoure." Cela compose un tableau assez complexe, "qui combine ce conservatisme à référence religieuse avec un côté pragmatique."

Et c'est un homme de mémoire, souligne Jean-François Pérouse. "C'est la pire ou la meilleure des choses, parce que ça peut conduire à fonder sa politique sur la volonté de revanche. Et là, disons qu'il prend sa revanche sur ceux qui ont voulu porter atteinte à son pouvoir".

>> L'analyse d'Abraham Zisyadis :

oang