"Les Munichois ont derrière eux une nuit d'horreur" a dit samedi Angela Merkel, livrant sa première réaction après la fusillade. "Nous tous, et je le dis au nom de l'ensemble du gouvernement, pleurons avec le coeur lourd ceux qui plus jamais ne rentreront dans leurs familles", a-t-elle ajouté depuis la chancellerie à Berlin.
"Une telle soirée est pour nous tous difficile à supporter, d'autant que nous avons reçu beaucoup de très mauvaises nouvelles en quelques jours", a-t-elle poursuivi, faisant référence à l'attaque à la hache dans un train régional une semaine plus tôt.
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La chancelière allemande a promis que les services de sécurité du pays feraient "tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la sécurité et la liberté de tous les Allemands". Les deux attaques survenues à quelques jours d'intervalle se sont produites "à des endroits où nous aurions tous pu nous trouver", ce qui amène les Allemands à se demander "où est-on en sécurité?", a encore regretté Angela Merkel.
Un forcené pour la police
"L'auteur de la fusillade de Munich n'a aucun lien avec l'Etat islamique", a déclaré plus tôt samedi le chef de la police bavaroise Hubertus Andrä, lors d'une conférence de presse.
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Les enquêteurs - qui ont effectué une perquisition au domicile du tireur samedi à l'aube - n'ont trouvé aucun élément liant cet adolescent à l'organisation extrémiste sunnite.
Le suspect n'était pas connu des services de police. Il est né et a vécu toute sa vie dans la capitale bavaroise avec la double nationalité allemande et iranienne. Le jeune homme a agi seul. Il était suivi sur le plan psychiatrique, a expliqué Hubertus Andrä, précisant qu'il souffrait "d'une forme de dépression".
Piège tendu aux victimes
"Nous avons trouvé des éléments montrant qu'il se préoccupait des questions liés aux forcenés" auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a détaillé Hubertus Andrä. Il a pu vouloir établir un lien avec le massacre il y a tout juste cinq ans d'Anders Breivik, en Norvège.
Le jeune homme fréquentait une école de la ville et selon la police a probablement tendu un piège à un certain nombre des victimes.
"Il y a eu avant vraisemblablement un compte Facebook piraté", a expliqué le ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière lors d'une conférence de presse. Ce compte incitait les victimes à venir profiter "d'offres spéciales ou de réductions" au restaurant Mc Donald's du centre commercial où s'est déroulée la fusillade.
Thomas de Maizière a également souligné que le jeune homme de 18 ans avait probablement été victime dans le passé de "harcèlement" par d'autres "jeunes de son âge".
Des victimes très jeunes
L'attaque a aussi fait 27 blessés, dont quatre par balle. Parmi les personnes décédées figurent "presque exclusivement" des jeunes gens âgés de 13 à 21 ans, dont deux jeunes filles, selon la radio-télévision publique de Bavière. Une femme de 45 ans fait aussi partie des morts, selon la télévision.
Trois Turcs, trois Kosovars et un Grec figurent parmi les neuf personnes tuées. Dans tout le pays, les drapeaux seront mis en berne en hommage aux victimes, parmi lesquelles ne figure aucun Suisse, a précisé samedi matin le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
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2000 policiers mobilisés
Plus de 2000 policiers de tout le pays et de l'Autriche voisine, dont des unités d'intervention d'élite, ont été déployés. Le ciel était sillonné par des hélicoptères tandis que la police appelait la population à rester cloîtrée chez elle.
Dans un tweet, le chef de la police a remercié les 2300 membres des forces de l'ordre pour leur dévouement et leur engagement.
agences/fme
"La violence inhumaine n'a pas voix au chapitre en Allemagne"
La chancelière allemande Angela Merkel a convoqué pour samedi à Berlin une réunion de son conseil fédéral de sécurité, a annoncé Peter Altmaier, l'un de ses proches. "Nous sommes déterminés à tout faire pour que le terrorisme et la violence inhumaine n'aient pas voix au chapitre en Allemagne", a-t-il ajouté.
Cette "attaque meurtrière de Munich m'horrifie au plus point", a déclaré le président allemand Joachim Gauck dans un communiqué.
Le président américain Barack Obama a promis aux autorités allemandes "tout le soutien dont elles ont besoin". Son homologue français François Hollande a adressé un "message personnel de soutien" à Angela Merkel. Il a dénoncé "une attaque terroriste" et "un acte ignoble". Le président russe Vladimir Poutine, a également envoyé ses condoléances à la chancelière allemande et au ministre-président de Bavière, Horst Seehofer.
L'Iran condamne "l'assassinat d'innocents sans défense"
Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné l'attaque menée vendredi par un Germano-Iranien âgé de 18 ans dans un centre commercial de Munich, qui a fait neuf morts et seize blessés.
L'Iran "condamne" cet acte et "exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement allemand", a déclaré Bahram Ghassemi, porte-parole de la diplomatie iranienne, cité par les agences de presse Irna et Isna.
"Aujourd'hui, la lutte contre le terrorisme, sous toutes ses formes, dans tous les pays, est une exigence urgente de la communauté internationale (...) qui devrait être considérée comme la priorité absolue de tous les pays, dans un consensus international", a appuyé le porte-parole Bahram Ghassemi.