Rénovation des canalisations, fils électriques à enterrer, trottoirs rallongés, pavage des rues, pose de nouveaux lampadaires: c'est tout le centre-ville de Moscou qui se retrouve en chantier.
Ces travaux ont débuté en 2011 avec l’apparition de rues piétonnes, mais ils ont pris un caractère massif l'an dernier et vont durer encore plus de deux ans. Leur coût total s'élève à quelque 90 milliards de roubles (1,32 milliard de francs) pour la période 2016-2018.
Des travaux jugés démesurés
Mais en période de crise économique et alors que les dépenses ont été restreintes dans l'éducation et la santé, certains estiment que ces transformations de la ville défient toute rationalité. La mairie, qui les justifie par la volonté d'améliorer le quotidien des Moscovites, souligne qu'ils représentent à peine plus d’1% du budget de la ville.
Ces travaux sont aussi le cauchemar des commerçants, qui demandent à être dédommagés. Médias et politiciens locaux, eux, dénoncent l’absence de transparence, qui fait naître les soupçons de corruption - notamment au moment de l’octroi des appels d’offres.
D'autres encore estiment que ces travaux gigantesques sont aussi une manière, pour la mairie, de montrer sa toute-puissance. Celle-ci s’exprimerait aussi dans les choix esthétiques de la ville, affirment certains commentateurs.
Les petits commerces de rue rasés
Cette question s’est surtout posée il y a quelques mois, quand la mairie a décidé de raser tous les kiosques et pavillons - de petits magasins de fortune qui avaient poussé comme de champignons dès les années 1990 autour des stations de métro. Leur esthétique était discutable mais ils étaient le symbole de la liberté d’entreprendre et, pour le consommateur post-soviétique, de la liberté d’acheter enfin ce dont il a besoin même au milieu de la nuit.
La mairie défend la nécessité d'une stratégie centralisée, après des années de développement chaotique. Le bureau qu'elle a mandaté assure que Moscou sera une ville "plus sûre, plus fonctionnelle, plus piétonne". La ville veut réduire drastiquement le trafic routier dans le centre, où les voitures circulent à certains endroits sur huit voies dans chaque sens. Ces espaces sont redessinés par des urbanistes étrangers, à la pointe de la modernité, promet le bureau d’architecte qui supervise le projet.
Isabelle Cornaz/oang