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La Turquie réorganise radicalement son armée à la suite du putsch manqué

Le Conseil militaire suprême, avec le président Erdogan au centre, s'est réuni jeudi soir. [Keystone - EPA/TURKISH PRESIDENTAL PRESS OFFICE / HANDOUT HANDOUT EDITORIAL USE ONLY/NO SALES]
Le Conseil militaire suprême, avec le président Erdogan au centre, s'est réuni jeudi soir. - [Keystone - EPA/TURKISH PRESIDENTAL PRESS OFFICE / HANDOUT HANDOUT EDITORIAL USE ONLY/NO SALES]
La Turquie a commencé vendredi à réorganiser en profondeur son armée après le coup d'Etat avorté du 15 juillet: des centaines d'officiers ont été congédiés, plusieurs casernes fermées, mais l'état-major reste inchangé.

Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé lors d'un discours retransmis en direct, vendredi, que les casernes d'où étaient partis des putschistes au soir du 15 juillet allaient être fermées, y compris une base aérienne proche d'Ankara qui avait servi aux comploteurs.

Réuni jeudi pendant cinq heures, le Conseil militaire suprême, organe de supervision des forces armées en Turquie, a promu 99 colonels au rang de général ou d'amiral et placé 48 généraux à la retraite.

L'état-major maintenu

Alors que près de 1700 militaires, dont 40% de généraux et amiraux, ont été congédiés pour conduite déshonorante, les principaux responsables de l'état-major sont maintenus à leur poste.

Seuls changements notables, le chef d'état-major adjoint, le général Yasar Guler, est nommé commandant de la gendarmerie et le chef de la prestigieuse Première Armée, le général Umit Dundar, le remplace en tant que numéro deux de l'état-major, toujours dirigé par Hulusi Akar.

Jeudi soir, à l'issue de la réunion du YAS, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait savoir qu'il souhaitait que l'armée et les services secrets (MIT) soient placés sous le contrôle de la présidence et non plus du Premier ministre.

Milieux économiques visés

Par ailleurs, la purge de l'après-coup d'Etat s'est étendue au monde des affaires, avec la mise en garde à vue de trois industriels de premier plan dans le cadre des enquêtes tentaculaires sur les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen. Ce dernier a démenti tout rôle dans le putsch avorté depuis son exil américain.

Au total, plus de 18'000 personnes ont été placées en détention depuis le 15 juillet, a déclaré le ministre turc de l'Intérieur Efkan Ala. Le ministre a ajouté que les passeports de près de 50'000 personnes avaient été confisqués.

Dans le secteur public, le nombre d'employés limogés s'élève désormais à 66'000, dont 43'000 dans l'enseignement, a rapporté l'agence de presse.

agences/vtom

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Washington regrette les purges

Les Etats-Unis se plaignent de l'impact négatif de cette purge sur sa coopération avec Ankara dans la lutte contre l'organisation Etat islamique. "Beaucoup de nos interlocuteurs ont été arrêtés", a déclaré le directeur du Renseignement américain, James Clapper. "Nul doute que cela va rendre la coopération plus difficile avec les Turcs."

Suite à ces déclarations similaires d'un général américain, le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a accusé de "prendre le parti des putschistes". "Celui qui a ourdi le coup d'Etat est déjà dans votre pays et vous le nourrissez", a-t-il ajouté, évoquant le prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis dont Ankara demande l'extradition.

Les opérations menées par les Etats-Unis en Syrie depuis la base turque d'Incirlik ont été temporairement interrompues à la suite de la tentative de coup d'Etat.