"Il y a une triple crise au Brésil, une crise politique depuis la réélection de Dilma Rousseff en 2014, mais aussi une crise économique - le pays est en récession et le chômage a doublé en un an - ainsi qu'une crispation sociale avec un pays polarisé et divisé", a analysé le directeur exécutif de l'Observatoire politique d'Amérique latine et des Caraïbes à Paris, dans le Journal du matin de la RTS.
Mais le politologue croit toutefois à une trêve olympique pendant les deux semaines qui vont suivre, à l'image des ce qui se passait en Grèce antique lors des Olympiades.
La bataille pourrait par contre reprendre d'autant plus férocement une fois la fête sportive passée, puisque le Sénat se prononcera sur la possible mise à l'écart de Dilma Rousseff de façon définitive entre le 25 et le 27 août.
"Ce qui me semble le plus probable, c'est que Dilma Rousseff soit "licenciée" par les parlementaires. Et là on aura un gouvernement impopulaire qui devra mener à bien des réformes qui le seront également, d'autant plus qu'il n'aura pas été directement élu", a poursuivi Gaspard Estrada.
Qui pour remplacer Rousseff?
Dilma Rousseff a voulu réindustrialiser le Brésil en proposant des exonérations de charges aux entreprises mais sa stratégie n'a pas fonctionné. "Elle a clairement fait des erreurs dans sa politique économique", a poursuivi l'analyste. Avec la baisse de la demande chinoise, le pays doit aujourd'hui diversifier son économie pour s'en sortir, le PIB ayant diminué de 10 points en 20 ans.
Le politologue a encore estimé que Michel Temer partait clairement favori pour la présidentielle de 2018, même si les prochains mois seront difficiles et cruciaux pour lui au vu des procédures judiciaires engagées contre lui.
"Si le peuple devait toutefois voter aujourd'hui, Lula da Silva pourrait par contre encore avoir ses chances avec environ 25% des voix, le plaçant en tête du premier tour. Le Brésil peut donc encore nous réserver quelques surprises".
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"Cordialité brésilienne"
Le Brésil n'a pas tenu ses promesses quant à l'infrastructure des Jeux et l'étendue des travaux présentés en 2009 au CIO, mais il ne faut pas sous-estimer la "cordialidade" du peuple brésilien, a tenu à préciser Gaspard Estrada.
"Et il y a tout de même des retombées positives des Jeux, notamment sur l'emploi à Rio de Janeiro", même si l'Etat de Rio est en faillite et que c'est l'Etat fédéral qui doit aujourd'hui payer les salaires des fonctionnaires.
Situation inédite dans l'histoire des Jeux Olympiques, aucun président ou ancien dirigeant brésilien n'assistera à la cérémonie d'ouverture vendredi soir, preuve de la division profonde du pays.