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L'UE "humilie" la Turquie, accuse le chef de la diplomatie turque

Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a livré une interview au quotidien allemand Bild. [KEYSTONE - AP Photo/Ali Unal]
Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a livré une interview au quotidien allemand Bild. - [KEYSTONE - AP Photo/Ali Unal]
Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu accuse l'Union européenne d'"humilier" la Turquie, dans le journal Bild paru lundi. Il conditionne le respect de l'accord migratoire entre l'UE et Ankara à la libéralisation des visas.

"Le peuple turc est traumatisé" après le putsch du 15 juillet, et les Européens "nous humilient au lieu d'aider la Turquie", déclare Mevlüt Cavusoglu au quotidien populaire allemand.

Il déplore notamment le gel des négociations d'adhésion à l'UE et des discussions sur l'exemption de visa pour les ressortissants turcs.

Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Ankara a travaillé "comme peu d'autres pays pour remplir les conditions d'adhésion à l'UE", mais ne récolte en retour "que des menaces, des insultes et un blocage total" de la part de Bruxelles.

"Sentiment antieuropéen attisé"

"Je m'interroge: quel crime avons-nous commis? Pourquoi cette hostilité?", poursuit Mevlüt Cavusoglu, qui avait déjà accusé mercredi l'UE d'avoir attisé le sentiment antieuropéen en Turquie en "favorisant", voire en "encourageant" les auteurs du putsch.

Il exige de nouveau la libéralisation des visas pour les citoyens turcs, contrepartie de l'accord migratoire UE-Turquie.

ats/sbad

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Les purges choquent

Déjà tendues ces derniers mois, les relations de l'Europe avec Ankara se sont encore envenimées après le putsch manqué du 15 juillet, qui a provoqué des vagues de purges dont l'ampleur a choqué les Européens.

Le président turc a menacé de faire échouer l'accord migratoire si l'exemption de visa n'était pas garantie aux Turcs.

Sécurité d'armes nucléaires en question

La Turquie reste un précieux allié de l'Europe et des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique. La base aérienne d'Incirlik représente d'ailleurs un enjeu stratégique pour avoir un accès rapide aux cibles visées en Irak et en Syrie.

Mais des dizaines d'armes nucléaires américaines y sont stockées, non loin de la frontière syrienne, et risquent de tomber dans les mains de "terroristes ou d'autres forces hostiles", met en garde un rapport publié lundi.

La sûreté de cet arsenal situé à 110 km de la Syrie était décriée de longue date, mais le putsch avorté du 15 juillet en Turquie a relancé les craintes sur la protection de la cinquantaine d'armes nucléaires.

"Il est impossible de savoir si les Etats-Unis auraient pu maintenir le contrôle sur les armes en cas de guerre civile prolongée en Turquie", s'inquiète dans son rapport le groupe de réflexion apolitique Stimson Center.