Une rumeur courait sur internet début août: la mention du nom de la Palestine aurait été effacée de l'application cartographique du moteur de recherche Google. Une pétition a alors été lancée pour demander le rétablissement de la dénomination et a récolté plus de 300'000 signatures.
Or, selon Google, l’appellation "Palestine" n’a jamais figuré sur ses cartes. Les territoires palestiniens y ont toujours été nommés "Cisjordanie" et "bande de Gaza".
Autre exemple, la délimitation du Sahara occidental, marquée en pointillé sur Google Maps, a aussi suscité par le passé des réactions au Maroc, qui revendique le territoire. Et plus récemment, c’est le tracé de la Crimée qui a fait débat: Google doit-il la rattacher définitivement à la Russie ou non ?
"Représentations concurrentes"
"La carte a a toujours été un outil de communication politique et de gouvernance", analyse Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'université Paris II, dans l'émission Tout un monde de la RTS.
La carte a a toujours été un outil de communication politique et de gouvernance.
Or, Google Maps, qui est la ressources géographique la plus importante du monde, "a créé une rupture". "Pendant des siècles, les états souverains avaient le monopole de la cartographie. Avec la numérisation du monde, des acteurs privés, transnationaux, sont amenés à jouer un rôle dans la production de cartes et à produire des représentations concurrentes", précise le chercheur.
"Lignes ou revendications frontalières"
Mais selon quels principes Google fait-il ses choix? "Nous ne redessinons pas les frontières, mais travaillons avec nos fournisseurs pour obtenir la meilleure interprétation des lignes frontalières ou des revendications frontalières. Et là où nous avons des versions locales de cartes, nous suivons les réglementations locales pour tracer ces frontières", a répondu la firme dans un e-mail à la RTS.
En d’autres termes, Google tente de s’adapter en fonction des différentes interprétations étatiques des frontières. Ainsi, si un internaute moscovite consulte Google Maps depuis la Russie, la Crimée fera clairement parti de son pays. En revanche, si l’application est utilisée depuis l’Ukraine, la délimitation avec la péninsule sera marquée en pointillés.
Influence limitée
Pourtant, malgré le milliard de connexions que Google Maps enregistre chaque semaine, l'application n'a pas d'influence en matière de géopolitique: c'est le droit international qui reste légitime en la matière. Reste que la représentation que Google fait des frontières peut avoir une influence sur les opinions.
>> D'autres exemples de "contentieux géopolitiques" : Du Cachemire à la Crimée, Google Maps et sa vision différenciée du monde
jvia