Interviewée dimanche dans l'émission Forum à son domicile parisien, Elisabeth Badinter développe sa vision du voile et de l’islam en France dans un contexte extrêmement tendu où la classe politique se déchire, à gauche en particulier, autour de cette question.
La femme de lettres et philosophe française se dit "absolument contre une loi contre le burkini", car ce serait une atteinte à la loi de 1905 sur la laïcité qui donne à chacun le droit de s'habiller comme il veut dans l'espace public. "Ce serait absolument ridicule", ajoute-t-elle.
"Le comble de l'impolitesse"
Cette figure du féminisme dit toutefois "comprendre qu'on puisse interdire ponctuellement le burkini sur une plage", notamment à Nice après l'attentat du 14 juillet. Pour elle, revêtir une tenue islamique sur une plage de Nice est aujourd'hui "une provocation dégoûtante", "le comble de l'impolitesse" et "le mépris absolu du chagrin éprouvé".
Il y a dans le comportement des islamistes et de ceux qui se réclament du salafisme une indifférence absolue aux autres doublée d'une volonté de séparation.
Elisabeth Badinter suit également l'avis de l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour présider la Fondation pour les oeuvres de l'islam de France, qui a demandé un peu de discrétion.
"Déni et soumission"
Plus généralement, la philosophe dénonce l’attitude des politiques de droite et plus encore de gauche face à la montée de l’islamisme en France. "Gauche et droite ont opté pour une attitude déni et de soumission", qui selon elle a grandement profité au Front national.
"La situation est grave", estime Elisabeth Badinter. Aujourd'hui, dans certains quartiers français, il arrive qu'"une personne qui n’est pas musulmane s’entende dire: 'sors d'ici, tu n'es pas chez toi'", relève-t-elle.
La femme de lettres se méfie néanmoins des projets identitaires: "Il faut s’en tenir aux valeurs de la République."
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RTSinfo