La plus haute juridiction administrative française avait été saisie en urgence par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), pour qui ce type d'arrêté, pris dans plusieurs dizaines de villes balnéaires depuis fin juillet, est "liberticide".
Les maires à l'origine de ces arrêtés invoquaient des risques de troubles à l'ordre public.
Pas de risque de troubles à l'ordre public
"A Villeneuve-Loubet, aucun élément ne permet de retenir que des risques de trouble à l'ordre public aient résulté de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes", a indiqué le Conseil d'Etat.
"En l'absence de tels risques, le maire ne pouvait prendre une mesure interdisant l'accès à la plage et la baignade."
Dans la commune de Villeneuve-Loubet, le port du burkini est donc de nouveau autorisé, après cette décision du Conseil d'Etat qui se veut un arrêt de principe. Dans les autres localités ayant pris des arrêtés similaires, l'interdiction reste en vigueur tant que les arrêtés ne sont pas contestés en justice.
Plusieurs maires du sud-est de la France ont d'ailleurs annoncé en soirée le maintien de leurs arrêtés d'interdiction, malgré la décision de la juridiction administrative.
Des burkinis "pléthoriques"
A l'audience jeudi, l'avocat de Villeneuve-Loubet, François Pinatel, avait assuré que les burkinis y étaient devenus "pléthoriques" avant le 5 août, quand l'arrêté a été pris, et contribuaient à crisper le climat "dans une région fortement éprouvée par les attentats".
La polémique sur le burkini exacerbe les tensions en France et divise le gouvernement, où deux ministres ont pris leurs distances avec la multiplication des arrêtés d'interdiction, soutenus par le Premier ministre Manuel Valls.
Sans trancher le débat, le président François Hollande a indirectement évoqué la question jeudi, en appelant tous les citoyens à "se conformer aux règles", sans "provocation ni stigmatisation".
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agences/tmun
"Décrisper la situation"
"Cette décision de bon sens va permettre de décrisper la situation, qui était marquée par une tension très forte parmi nos compatriotes musulmans, notamment chez les femmes", a réagi le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, au sein duquel il préside l'Observatoire national contre l'islamophobie.
Cette décision "aura vocation à faire jurisprudence", s'est de son côté félicité Me Patrice Spinosi, avocat de la Ligue des droits de l'homme.
Une proposition de loi "antiburkini"
Les Républicains (LR) déposeront dès la rentrée parlementaire française une proposition de loi visant à "sécuriser" les décisions des maires qui ont pris des arrêtés "antiburkini" et ont été désavoués par le Conseil d'Etat, a annoncé Guillaume Larrivé.
"Cette proposition de loi sera présentée à l'Assemblée nationale lors de la rentrée parlementaire en septembre", a dit le député et porte-parole de LR sur BFM-TV. "Les islamistes veulent faire reculer la République. C'est la République qui doit faire reculer les islamistes."