Après six jours de procès, les sénateurs, qui se sont prononcés par 61 voix contre 20, ont jugé Dilma Rousseff coupable d'avoir violé les règles budgétaires. Il fallait une majorité des deux-tiers, soit 54 voix, pour que la destitution soit effective.
Les élus se sont en revanche prononcés contre l'interdiction d'exercer pendant huit ans dans la fonction publique.
"Coup d'Etat parlementaire"
"Le Sénat a pris une décision qui entre dans l'histoire des grandes injustices. Il a commis un coup d'Etat parlementaire", a dénoncé Dilma Rousseff, réaffirmant son "innocence".
Le vice-président Michel Temer, qui assure l'intérim à la tête de l'Etat depuis la suspension de Dilma Rousseff en mai, va terminer son mandat, qui s'achève en 2018. Il a prêté serment mercredi dans l'après-midi et a promis une "nouvelle ère" pour le pays jusqu'aux prochaines élections présidentielles, lors de la première réunion de son cabinet, retransmise en direct à la télévision.
Accusée d'avoir engagé des dépenses sans l'approbation du Congrès et d'avoir maquillé les comptes publics pour dissimuler l'ampleur du déficit budgétaire lors de la campagne de 2014, Dilma Rousseff nie toute malversation et dénonce une "conspiration" visant à préserver les intérêts des plus riches.
Six jours de procès
Le géant émergent d'Amérique latine, englué depuis la réélection de Dilma Rousseff fin 2014 dans une crise politique et économique de magnitudes historiques, sur fond de méga-scandale de corruption, tourne ainsi la page sur 13 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT, gauche) initiée en 2003 par Luiz Inacio Lula da Silva, l'ouvrier-syndicaliste devenu président.
Une longue page d'histoire marquée par le "miracle" socio-économique des années 2000 qui a vu sortir 40 millions de Brésiliens de la misère, avant les affaires de corruption et un brutal retournement économique qui ont plongé le Brésil et Dilma Rousseff vers l'abîme.
Le verdict est tombé au sixième jour d'un procès marathon, de dizaines d'heures de débats techniques et parfois passionnés où le droit de la défense et la Constitution auront été scrupuleusement respectés sur la forme, sans forcément convaincre de la culpabilité de Dilma Rousseff au plan strictement juridique.
afp/reu/ebz
Protestations diplomatiques après la destitution
Le gouvernement vénézuélien du président socialiste Nicolas Maduro a annoncé mercredi le gel des relations diplomatiques avec le Brésil et le rappel de son ambassadeur, condamnant "énergiquement" la destitution de la présidente brésilienne Dilma Rousseff.
Le président socialiste équatorien Rafael Correa a également annoncé qu'il rappelait son chargé d'affaires au Brésil, après la destitution de Dilma Rousseff, qu'il a qualifiée sur Twitter de "trahison".
Pour sa part, le gouvernement cubain a "rejeté énergiquement le coup d'Etat parlementaire" contre la présidente du Brésil qui "constitue un outrage au peuple qui l'a élue".
Incidents à Sao Paulo lors d'un rassemblement contre la destitution
Une manifestation contre la destitution de la présidente brésilienne Dilma Rousseff a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre mercredi dans le centre de Sao Paulo.
La police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants masqués filmés en train de briser des vitres, de piller des magasins et d'incendier des poubelles.