Deux jours après l'annonce de la réélection contestée du président sortant Ali Bongo Ondimba, le Gabon se trouvait toujours sous haute tension vendredi, alors que les heurts post-électoraux ont déjà fait cinq morts, selon l'opposition.
Pour Jean Ping, qui revendique la victoire à la présidentielle de samedi dernier, il est toujours possible de sortir de cette situation de blocage de façon non violente et démocratique. "Mais tout dépend du pouvoir en place", affirme-t-il à la RTS.
"Aller au Maroc ou à La Haye"
"Si (Ali Bongo) cesse de tirer sur sa population, s'il accepte le processus proposé par les Nations unies, alors tout est permis. Il a entre ses mains la clé de tout", estime celui qui a été ministre à de multiples reprises depuis 1990, sous les présidents Omar Bongo et Ali Bongo.
Ce dernier lance un appel à la communauté internationale, et notamment à la France, ancienne puissance coloniale, pour qu'elle fasse pression sur les autorités, qui refusent tout nouveau décompte des voix.
"Si la communauté internationale ferme les yeux, ce serait comme une non-assistance à population en danger", lance Jean Ping, qui voit deux choix pour Ali Bongo, "aller au Maroc, où on lui offre une retraite dorée, ou aller à La Haye [à la Cour pénale internationale, ndlr]."
Une situation "quasi insurrectionnelle"
Reste que l'opposant dresse un portrait sombre de la situation actuelle au Gabon, qu'il qualifie de "quasi insurrectionnelle". "Nous n'avons plus vraiment le contrôle de la situation, ni nous, ni le gouvernement", juge l'ancien président de la commission de l'Union africaine.
Et Jean Ping de charger violemment le "tyranneau" en place à Libreville: "Voilà un président qui, comme à Damas, tire sur sa population la nuit et qui, la journée, n'a pas honte d'affirmer que nous sommes en démocratie."
>> D'autres extraits seront diffusés samedi dans le "Six heures - neuf heures"
dk
Jean Ping, l'ancien cacique du pouvoir qui veut "libérer le Gabon"
Jean Ping, 73 ans, a promis durant la campagne présidentielle de "libérer le Gabon de la dictature", même s'il a été un des piliers du régime pendant plus de 20 ans.
Directeur de cabinet du président Omar Bongo, père d'Ali Bongo, durant six ans (1984-90), Jean Ping entre ensuite au gouvernement, où il n'obtient pas moins de six portefeuilles différents, dont celui des Affaires étrangères.
Il est aussi lié à la famille Bongo sur un plan intime, puisqu'il a eu deux enfants avec Pascaline, la soeur d'Ali, qui fut longtemps l'argentière toute puissante des Bongo.
Aujourd'hui, Jean Ping dénonce la pauvreté qui frappe ce petit pays de moins de 2 millions d'habitants qui possède toutes les richesses: pétrole, or, manganèse, bois, niobium, terres rares...
Jean Ping, métis sino-gabonais, est réputé très proche des milieux d'affaires chinois et son nom est cité dans de récents scandales présumés de corruption l'impliquant lui ou ses proches. (AFP)