Mariano Rajoy n'a obtenu que 170 voix pour son maintien au pouvoir, exactement comme mercredi. Sans surprise, les 180 autres députés ont voté contre lui, ouvrant un délai de moins de deux mois, jusqu'au 31 octobre, pour que les partis tentent encore de former un gouvernement, ce qu'il ne parviennent pas à faire depuis fin 2015.
Mariano Rajoy pourrait éventuellement être à nouveau candidat à l'investiture, tout comme le dirigeant socialiste Pedro Sanchez.
"Politique du non, non et non"
Le conservateur sortant a plaidé en vain pour que ses adversaires socialistes le laissent gouverner. "Si vous persistez dans votre politique du non, non, non et non, permettez au moins qu'en Espagne se forme un gouvernement", a-t-il lancé aux socialistes.
Mariano Rajoy, soutenu par ses élus et les libéraux de Ciudadanos, ne pouvait être investi sans l'abstention de députés socialistes. Il a accusé le dirigeant socialiste Pedro Sanchez d'utiliser les "prétextes habituels pour dissimuler le désir peu avouable de nouvelles élections".
Il a également insisté sur l'idée que la poursuite de la paralysie aurait "un coût" que paieraient l'ensemble des Espagnols et l'économie.
"Affaires de corruption" en cause
Le socialiste Pedro Sanchez a lié ce rejet d'un deuxième gouvernement de Mariano Rajoy aux nombreuses "affaires de corruption" ayant impliqué des membres du Parti populaire (PP).
Il a aussi accusé Mariano Rajoy de s'être servi de la crise économique, née en 2008, pour mener une politique ultralibérale et ainsi "démanteler le système de protection sociale".
Pedro Sanchez s'est cependant adressé aux partis "du changement", Ciudadanos et Podemos, en disant: "Si nous agissons tous, nous trouverons une solution et (...) le groupe parlementaire socialiste en fera partie". Au début d'année, il leur avait déjà proposé cette alliance, en vain.
afp/tmun
Des Espagnols exaspérés
A Madrid, des Espagnols interrogés vendredi se montraient exaspérés. "Ca suffit", "nous sommes la risée du monde entier", assurait Luis Garcia Montero, 53 ans, employé dans une grande banque et électeur de Ciudadanos.
Une électrice socialiste, Belen Ludec Lopez, puéricultrice de 30 ans, avouait ne pas savoir si elle retournerait aux urnes. "Les gens en ont ras-le-bol", disait-elle, tout en jugeant logique la position des socialistes puisque ses électeurs voulaient "faire barrage au PP".
Le blocage politique dure depuis que deux nouveaux partis ont bouleversé le jeu politique fin 2015 en entrant en force au parlement: Podemos à gauche et Ciudadanos au centre-droit.