"Des gens tels qu'Orban ont conduit à ce que l'UE donne l'image d'une Union qui ose à l'extérieur défendre des valeurs qu'elle n'est plus capable de maintenir à l'intérieur" du bloc, a déploré Jean Asselborn dans une interview accordée à Die Welt.
"Ceux qui, comme la Hongrie, bâtissent des clôtures contre des réfugiés de guerre, qui violent la liberté de la presse ou l'indépendance de la justice, devraient être temporairement, voire même définitivement, exclus de l'UE", a-t-il ajouté.
Selon le ministre luxembourgeois, "c'est la seul manière de préserver la cohésion et les valeurs de l'Union européenne". Il juge que l'UE ne "peut tolérer un tel comportement" comme celui du gouvernement hongrois.
Unanimité des membres
Cette possibilité d'exclure un membre pour violations des valeurs fondamentales est prévue dans les traités européens mais requiert l'unanimité des Etats membres, ce qui rend son application difficile.
"C'est le problème, et Orban le sait bien (...) Cela aiderait si l'on pouvait changer les règles afin que l'exclusion d'un pays de l'UE ne requiert plus l'unanimité", a conclu Jean Asselborn.
"Frustré et arrogant", réagit la Hongrie
"Nous savions déjà que Jean Asselborn était une personne peu sérieuse", a réagi le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto, lors de sa visite en Moldavie.
"Il vit à quelques km de Bruxelles, c'est un homme frustré et arrogant. Il parle d'exclure la Hongrie de l'UE mais il s'est lui-même exclu du cercle des politiciens sérieux. En bon nihiliste, il travaille de manière infatigable à la destruction de la culture et de la sécurité européennes", a-t-il ajouté.
"Ce n'était pas une position dont nous sommes convenus entre Etats européens", a de son côté déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, ajoutant: "Ce n'est pas ma position personnelle de mettre un Etat membre européen à la porte."
ats/boi
Un référendum en octobre
Viktor Orban, qui tient régulièrement un discours antimigrants virulent, a annoncé fin août la construction d'une seconde clôture anti-migrants pour renforcer celle érigée il y a un an à la frontière serbe, évoquant le risque d'un nouvel afflux de réfugiés.
Le Premier ministre hongrois a aussi organisé en octobre un référendum sur le plan européen de répartition des réfugiés. Cette consultation marquera une nouvelle étape dans les rapports tendus du gouvernement Orban avec l'UE.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, les institutions européennes lui ont régulièrement reproché de porter atteinte à l'état de droit et à l'équilibre des pouvoirs dans son pays.