Hillary Clinton et Donald Trump, parcours et programmes en face à face

Grand Format

Reuters - Jim Young

Introduction

Education, parcours de vie, famille, carrière et programmes politiques: qui sont les deux candidats dans la course à la Maison Blanche que l'Amérique départagera le 8 novembre prochain? Portraits en quelques duels.

Hillary Clinton vs. Donald Trump

Hillary Clinton. [AP/Keystone - Andrew Harnik]
Hillary Clinton. [AP/Keystone - Andrew Harnik]

Nom:

Hillary Clinton

Âge: 68 ans. Née Hillary Diane Rodham le 26 octobre 1947 à Chicago

Statut civil: mariée. Conjoint: Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis 1993-2001

Enfant(s): 1; une fille

Parti: démocrate

Timeline Hillary Clinton

Donald Trump lors d'un meeting de campagne à Denver (Colorado), le 29 juillet dernier. [Reuters - Carlo Allegri]
Donald Trump. [Reuters - Carlo Allegri]

Nom:

Donald Trump

Âge: 70 ans. Né le 14 juin 1946 dans le Queens à New York

Statut civil: marié. Conjointe: Melania Trump, née Knauss. Ex-conjointes: Ivana Zelničková et Marla Maples

Enfant(s): 5; trois garçons, deux filles

Parti: républicain

Timeline Donald Trump

Je serai la présidente des démocrates, des républicains, des indépendants.

Hillary Clinton, en acceptant l'investiture démocrate à Philadelphie

Entrée en grandissime favorite dans la course à l'investiture démocrate, Hillary Clinton a progressivement déplacé son programme vers la gauche dans des domaines clés, comme le commerce extérieur, face à la résistance inattendue de son rival, le "socialiste démocrate" Bernie Sanders.

L'ex-Première dame (1993-2001), ex-sénatrice de New York (2001-2009) et ex-secrétaire d'Etat (2009-2013), qui a décroché l'investiture de son parti à sa deuxième tentative, entend briser le "plafond de verre le plus résistant et le plus élevé", celui qui a toujours empêché jusqu'à présent une femme d'accéder à la Maison Blanche.

A 68 ans, cette ancienne avocate met en avant son expérience de la vie politique et sa capacité à travailler ses dossiers.

"Donald vient de me critiquer pour m'être préparée à ce débat. Et, oui, je m'y suis préparée. Et vous savez à quoi d'autre je me suis préparée? A être présidente", a-t-elle dit lors du premier débat télévisé de la campagne présidentielle.

>> Revoir le documentaire "Hillary Clinton, la femme à abattre" diffusé dans Histoire vivante dimanche 2 octobre sur RTS Deux.

Hillary Clinton - La femme à abattre

Ensemble notre parti retournera à la Maison Blanche, notre pays retrouvera sécurité, prospérité et paix.

Donald Trump, lors de l'investiture républicaine à Cleveland

A l'annonce de sa candidature, en juin 2015 dans sa "Trump Tower" de Manhattan, les élites du Parti républicain et les politologues pensaient que l'aventure du magnat de l'immobilier et ex-star d'une émission de téléréalité ferait long feu.

En août, alors qu'il traversait un trou d'air dans les sondages après avoir été investi lors de la convention de Cleveland, certains ténors du Grand Old Party réfléchissaient aux moyens de le remplacer en vue de l'élection présidentielle du 8 novembre.

Défiant les conventions politiques et les lois qui régissent d'ordinaire une campagne présidentielle, Donald Trump, âgé de 70 ans, est revenu sur Hillary Clinton dans les intentions de vote, promettant un duel serré jusqu'au terme de la campagne.

"Nous devons empêcher qu'on nous vole nos emplois", a-t-il dit pour sa part lors du premier débat télévisé de la campagne présidentielle.

Les programmes face à face

Même l'ancien président George W. Bush le dit: Donald Trump à la Maison Blanche serait une catastrophe politique. Serait-il aussi une catastrophe économique? TTC a comparé les programmes économiques de Trump et Clinton avant leur premier débat qui s'est tenu lundi 26 septembre.

Trump VS Hillary
T.T.C. (Toutes taxes comprises) - Publié le 26 septembre 2016

HILLARY CLINTON

Inspirée par le succès de son opposant démocrate à la primaire Bernie Sanders, Hillary Clinton a bâti un programme qui vise en premier lieu à améliorer le quotidien de la classe moyenne et des plus démunis.

Faciliter le droit des familles

Un des chevaux de bataille de la démocrate: les droits des familles doivent être améliorés notamment au travers de propositions pour la garde des enfants. La candidate souhaite un congé parental rémunéré de 12 semaines, ainsi que le plafonnement des frais de garde à 10% des revenus du foyer. La loi fédérale américaine accorde actuellement un congé non payé de 12 semaines.

Hillary Clinton s'est aussi engagée à poursuivre et développer l'Obamacare, l'assurance maladie pour tous.

"Si se battre pour la santé des femmes, payer des congés parentaux et des salaires égaux, c'est jouer la "carte femme", alors comptez sur moi".

Réformer la finance et l'imposition

Souvent décrite comme proche des milieux de la finance, Hillary Clinton a annoncé vouloir s'engager pour une réforme du système de Wall Street et continuer la chasse à l'évasion fiscale. Elle veut mettre fin aux niches fiscales qui permettent à des gérants de fonds de bénéficier d'un taux d'imposition plus faible.

"Nous avons besoin d'une réforme de Wall Street et des campagnes de financements mais ce n'est pas suffisant. Nous devons briser les barrières qui retiennent les communautés de couleur".

La démocrate a aussi promis de ne pas augmenter les impôts pour les classes moyennes. Elle se propose en revanche de "réformer la réglementation fiscale pour que les plus riches paient leur part", soit imposer à 30% les revenus supérieurs à un million de dollars par an.

Elle veut aussi taxer à 65% (contre 40% aujourd'hui) les successions supérieures à 500 millions de dollars pour une personne et à un milliard pour les couples.

Le salaire minimum à 12 dollars

"Créer des emplois bien payés doit être une des priorités du prochain président. Nous devons continuer à construire sur les progrès réalisés sous POTUS (Barack Obama, ndlr)".

Essayant encore une fois de séduire l'électorat jeune qui a fait le succès de l'élection de Barack Obama, Hillary Clinton a proposé un salaire minimum au niveau fédéral de 12 dollars (Bernie Sanders en souhaitait 15). Elle dit vouloir laisser la possibilité aux Etats de faire plus s'il le souhaite.

Alors que le salaire minimal fédéral est aujourd'hui d'un peu plus de 7 dollars de l'heure, plusieurs Etats (New York, Californie notamment) offrent déjà un salaire à 15 dollars.

La gratuité de l'université

S'inspirant du programme de Bernie Sanders, qui promettait pour sa part l'entière gratuité des universités, Hillary Clinton propose une diminution drastique des frais d'inscription qui conduit actuellement à l'endettement de bon nombre de jeunes Américains.

"Les étudiants ne devraient jamais avoir à faire un crédit pour payer les frais d'écolage dans une université publique".

Faciliter l'intégration des immigrés

Hillary Clinton soutient une réforme de l'immigration qui créerait une voie d'obtention de la citoyenneté américaine pour les quelque 11 millions de personnes en situation irrégulière aux Etats-Unis.

Elle a même promis de mener à bien cette réforme dans les 100 premiers jours de son mandat si elle est élue.

"Dans les 100 premiers jours, nous allons proposer une réforme compréhensive de l'immigration qui inclura une voie vers la citoyenneté".

Combattre le groupe Etat islamique

Clinton a appelé à un "sursaut en matière de renseignement" pour combattre le groupe Etat islamique, et la diplomatie joue un rôle de premier plan dans ses projets de gouvernement.

La candidate démocrate n'est pas en faveur de l'envoi de plus de troupes au sol au Moyen-Orient, y compris en Syrie. Elle y soutient un accroissement des "forces spéciales" déjà sur place, doublée de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

"On ne peut pas se permettre une autre guerre terrestre au Moyen-Orient - c'est exactement ce que veut ISIS (acronyme anglophone de l'EI, ndlr)".

Lutter contre le changement climatique

"Je crois que le changement climatique est réel et que nous pouvons sauver notre planète tout en créant des millions d'emplois bien payés dans les énergies propres".

DONALD TRUMP

Au-delà de ses déclarations polémiques, le milliardaire a aussi dessiné les contours de ce que serait le programme d'une présidence Trump, placée sous le signe de son slogan, "Restaurer la grandeur de l'Amérique", et qui serait marquée par une forme d'isolationnisme et une remise en cause des accords de libre-échange.

Rendre les frais de garde et d'éducation déductibles

Pour répondre à la politique familiale de son adversaire démocrate, Donald Trump propose de rendre déductible des impôts les frais de garde d'enfants pour les familles ayant un revenu inférieur à 500'000 dollars par an. Il promet par ailleurs un congé maternité payé de six semaines. Mais il est globalement plus attaché à baisser les impôts qu'à soutenir les familles de la classe moyenne.

Sur Twitter, le candidat républicain dénonce plus souvent la politique d'Hillary Clinton qu'il ne propose ses propres solutions:

"Comment Hillary la malhonnête peut-elle dire qu'elle se soucie des femmes quand elle est silencieuse sur l'islam radical qui oppresse terriblement les femmes?"

Baisser le taux d'imposition

Trump veut juguler la dette publique fédérale en travaillant sur deux axes: doper l'emploi et faire la chasse au gaspillage des fonds publics.

Il veut alléger et simplifier la fiscalité, proposant de ramener le nombre de tranches d'impositions de sept à trois avec des taux de 12%, 25% et 33% pour la tranche la plus élevée (contre 39,6% actuellement). Il supprimerait l'impôt sur les successions et baisserait le taux de l'impôt sur les sociétés de 35% à 15%.

"Je vais réduire les impôts bien plus que n'importe quel autre candidat. N'importe quelle négociation de hausse par le Congrès de ma proposition serait toujours plus bas qu'actuellement".

Instaurer un protectionnisme en matière de commerce international

Le promoteur immobilier estime que la Chine, le Japon, le Mexique, le Vietnam et l'Inde lèsent les Etats-Unis en dévaluant leur monnaie et en fermant leurs marchés à certaines exportations américaines.

Il veut dénoncer plusieurs accords commerciaux, dont le Partenariat transpacifique (TPP), vaste accord commercial liant les Etats-Unis et 11 autres nations.

Il entend aussi dénoncer la politique d'exportation chinoise à l'OMC.

"La Chambre américaine doit se battre plus pour les employés américains. La Chine, et beaucoup d'autres, profitent des USA avec nos affreux accords commerciaux".

En ce qui concerne la salaire minimum, Donald Trump disait ne pas vouloir le modifier en début de campagne. Il promet désormais de le porter à 10 dollars.

Construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique

Dès son entrée en campagne, Trump a annoncé qu'il ferait construire un "mur géant" le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher l'immigration clandestine.

La construction, chiffrée entre 10 et 12 milliards de dollars, sera financée par le Mexique, affirme-t-il.

"Le Mexique va payer pour le mur!"

Il pourrait aussi relever les frais de visa, appliquer des taxes sur les produits mexicains ou réduire les sommes versées au titre de l'aide internationale.

Donald Trump s'est engagé à tripler le nombre d'agents des services de l'immigration et des douanes et à créer une force spéciale chargée d'identifier les migrants sans papiers.

Seront expulsés en priorité les ressortissants étrangers sans papiers s'étant rendus coupables de crimes, ceux arrivés récemment sur le sol des Etats-Unis ou étant restés au-delà de l'expiration de leur visa.

Combattre le groupe Etat islamique

Trump veut "mettre KO" ("Knock the hell out", a-t-il dit lors du premier débat en vue de la présidentielle) l'organisation Etat islamique et, pour ce faire, il se dit ouvert à une coopération avec la Russie.

Mais il maintient le secret sur les détails de sa stratégie pour que l'ennemi, dit-il, soit pris de court.

"ISIS représente de grandes menaces aujourd'hui  - pas de respect pour les USA ou notre "leader" - Si je gagne, ce sera une histoire très différente avec des résultats rapides".

Le changement climatique n'existe pas

En climatosceptique convaincu, Donald Trump adopte un ton ironique à chaque fois qu'il parle du changement climatique (il répète que le nom est passé de "réchauffement climatique" à "changement climatique" parce que le premier terme ne fonctionnait pas en terme de communication - lire le tweet ci-dessous). Il affirme que ce n'est pas l'homme qui contribue au réchauffement de la planète.

Au niveau politique, il a annoncé vouloir annuler le plan pour une énergie propre mis en place par Barack Obama.

"C'est fin juillet et il fait vraiment froid dehors à New York. Mais où est ce foutu "réchauffement climatique"???  Il faut avancer, maintenant c'est le "changement climatique".

La dernière ligne droite

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Le dossier sur la présidentielle américaine

Textes et réalisation web: Sophie Badoux, avec reuters