Les forces et faiblesses de Clinton et Trump durant les débats

Bien que l'enjeu soit aussi important pour un camp que pour l'autre, les candidats font face à des attentes différentes lors des débats télévisés. En effet, l'ancienne Secrétaire d'Etat a une expérience de presque 30 ans en politique, alors que son rival n'en a quasiment pas.

Pourtant, si Donald Trump garde une bonne posture et ne lance pas d'insultes - comme il l'a fait tout au long des débats lors de la primaire républicaine - il pourrait convaincre certains indécis, encore très nombreux: "Les deux ont beaucoup à perdre parce que cette élection est serrée. Ils peuvent tous les deux faire une grosse erreur dans ce débat qui pourrait leur coûter l’élection", explique à la RTS Lisa Desjardins, journaliste de la chaîne de télévision publique américaine PBS.

L'expérience de Clinton face à l'imprévisibilité de Trump

Bien qu'elle ne suscite pas l'enthousiasme en campagne, Hillary Clinton est une habituée des débats. Elle bénéficie d'une grande vivacité d'esprit, d'un sens de la répartie cinglant et elle connaît tous ses dossiers par coeur: "Elle comprend la politique et elle comprend le monde à un niveau que même peu de diplomates américains ont atteint", analyse Lisa Desjardins.

Trump et Clinton ont beaucoup à perdre parce que cette élection est serrée. Ils peuvent tous les deux faire une grosse erreur dans ce débat qui pourrait leur coûter l’élection

Mais ces avantages ne lui donnent pas forcément une longueur d'avance, car le grand public connaît ses qualités et l'attendra au tournant. Sans compter qu'elle doit affronter une sorte d'ectoplasme des débats, imprévisible, qui pulvérise les règles de l'exercice.

Insultes et méconnaissance des dossiers

De l'avis des spécialistes, Donald Trump ne semble pas à l'aise dans les débats. En témoignent les longues minutes de silence lors de la primaire où il restait en retrait et laissait ses adversaires débattre entre eux. En outre, les experts relèvent son manque de connaissance des divers dossiers.

Toutefois, l'une de ses forces réside dans son mordant lorsqu'il est acculé. Certains journalistes et la plupart de ses rivaux en ont fait les frais. A l'instar des candidats à la primaire républicaine Marco Rubio et Ted Cruz, qui, respectivement, ont été traités plus d'une fois de "petit" ou de "menteur". Hillary Clinton, elle-même, a souvent été traitée de "tordue" par le sulfureux homme d'affaires.

La candidate démocrate adopte un ton moins agressif envers son rival sur les réseaux sociaux:

Certains observateurs estiment que la candidate démocrate doit essayer de pousser son adversaire à bout lors des débats afin qu'il formule des insultes et se décrédibilise. Car le véritable danger pour l'ancienne Première Dame est de se retrouver face à un Donald Trump assagi et plus présidentiable: "L'équipe de Trump essaie de maintenir son candidat dans le cadre parce qu’elle sait que les petites phrases assassines qu’il affectionne tant peuvent lui coûter des voix s’il va trop loin", indique Lisa Desjardins.

"Les électeurs s'apprêtent à voter avec leurs émotions"

Pour la journaliste américaine, il est impossible de faire un pronostic: "Cette année électorale est tellement folle que nous ne savons pas ce qui, au final, forgera l’opinion des électeurs."

Et de conclure: "Même si dans les élections passées, les débats n’ont eu parfois qu’un effet négligeable, il semble cette fois-ci que les électeurs s’apprêtent à voter avec leurs émotions, avec leurs tripes, pour départager deux candidats qu’ils n’aiment pas vraiment".

>> Interview de Lisa Desjardins dans Tout un monde :

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hend