Dans un entretien avec la RTS, l'auteur de films-événements consacrés à Kennedy, Nixon ou George Bush pose un regard sévère sur les deux candidats à la Maison Blanche. S'il ne croit pas en l'élection de Donald Trump, il se montre tout aussi critique à l'égard de Hillary Clinton.
Darius Rochebin: Vous êtes très sévère sur Hillary Clinton. Vous dites qu'elle a un côté guerrière...
Oliver Stone: Hillary Clinton est plus dure qu'Obama. Lui n'est pas allé à plein régime en Syrie. Je pense que nous devons nous attendre à ce qu'elle le fasse si elle est élue. Je pense aussi qu'elle sera plus agressive contre la Russie. Elle l'a prouvé.
Elle voulait détruire le régime de Kadhafi, et ça a été un désastre. Elle était certainement pour la guerre en Irak et pour les interventions en Afghanistan.
Elle [Hillary Clinton] n'admet jamais ses erreurs non plus, ça fait peur. Bush était comme ça. Je pense qu'elle est un peu comme Bush.
Darius Rochebin: Mais d'où ça vient, ce côté belliqueux?
Oliver Stone: Je ne sais pas d'où ça vient, Margaret Thatcher était pareille. Je pense qu'elle aime les militaires, elle pense qu'ils sont forts. Peut-être qu'elle a quelque chose à prouver psychologiquement. Elle n'admet jamais ses erreurs non plus, ça fait peur. Bush était comme ça. Je pense qu'elle est un peu comme Bush.
Darius Rochebin: Le New York Times appelle à voter pour Hillary Clinton. Il insiste sur son intellect, sa fermeté. Vous partagez cet enthousiasme?
Oliver Stone: En fait, le New York Times a depuis toujours supporté toutes les guerres auxquelles les Etats-Unis ont participé.
Darius Rochebin: C'est une erreur pour le New York Times de s'engager comme ça?
Oliver Stone: Une énorme erreur!
Darius Rochebin: Le jour où il faudra voter, il faudra choisir en Hillary Clinton et Donald Trump, vous choisirez...
Oliver Stone: Très franchement, aucun d'eux n'a parlé de l'Etat fouineur, ils veulent tous les deux le renforcer. Aucun d'eux n'a parlé des guerres dans lesquelles nous sommes impliqués. Ou du changement climatique, enfin quoi que ce soit de sérieux.
C'est une affaire d'egos, de personnalités... Je pense qu'elle va gagner, mais je ne pense pas que ça rendra les choses plus simples pour le pays, en aucune façon.
Je ne suis pas un psychiatre certifié, mais oui, je pense qu'il [Donald Trump] est dangereux.
Darius Rochebin: vous avez connu, "pratiqué" Donald Trump. Il a vraiment un ego maladif, pathologique?
Oliver Stone: Je ne suis pas un psychiatre certifié, mais oui, je pense qu'il est dangereux. Il y a quelque chose de fou en lui. Et une va-t-en-guerre en elle. Donc ça se joue entre un fou et une va-t-en-guerre...
Darius Rochebin: Est-il vrai que, quand vous le faisiez tourner, juste après les prises, il disait "j'ai été génial"?
Oliver Stone: Oui, mais il est charmant. Il a une manière de faire les choses qui le rend très télégénique.
Darius Rochebin: Il a du charme?
Oliver Stone: Il a un charme spécial, à lui.
Darius Rochebin: Il peut gagner?
Oliver Stone: Je ne crois pas. Je ne crois pas, non. Sauf si... Leurs mensonges à tous les deux recèlent des scandales, je pense que vous le savez. Clinton, les gens ne l'aiment pas, ils sentent qu'elle ment, qu'elle joue.
Même quand elle sourit, ça sonne faux. Donc je pense que les Américains, s'ils votent contre elle parce qu'ils ne l'aiment pas, ce serait un peu... Malheureusement, nous avons le choix entre la peste et le choléra...
L’interview complète d’Oliver Stone a été réalisée en vue de la sortie de son film "Snowden", début novembre. Elle sera diffusée à cette occasion.
tyf
De "JFK" à "Nixon" en passant par "W. : L'Improbable Président"