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"Washington vs Trumpland", l'élite démocrate face à la base républicaine

Mark Levine (gauche) avec Gary G. Howell, garagiste et président des républicains du Mineral County. [RTS - Philippe Revaz]
Mark Levine (gauche) avec Gary G. Howell, garagiste et président des républicains du Mineral County. - [RTS - Philippe Revaz]
La RTS vous propose un voyage à travers le fossé qui divise profondément l’Amérique: les élites démocrates de Washington et des grandes villes face au reste du pays, une base républicaine, souvent plus rurale. Reportage.

Mark Levine tient une émission de radio de gauche "Inside Scoop". Cet élu démocrate d'Alexandria, une ville progressiste en face de Washington, a également été conseiller juridique auprès du membre du Congrès Barney Frank et a travaillé avec Hillary Clinton. Ancien étudiant des universités de Yale et Harvard, il est un pur produit de l'"establishment" de Washington.

Le correspondant de la RTS aux Etats-Unis Philippe Revaz l'a invité dans un voyage à la rencontre des électeurs du candidat républicain Donald Trump, dans son fief des Appalaches, pour une confrontation entre deux Amérique qui ne se parlent pas: "Washington n'est qu'un symbole... Ce n'est pas Washington qui est mal aimée, mais le système. La raison? Le pays est divisé entre l'Amérique rouge - les républicains - et l'Amérique bleue - les démocrates. "Et ici à Alexandria nous sommes dans l''Amérique bleue", explique Mark Levine.

"Le réchauffement climatique est un canular"

Première destination: Keyser, une ville de 5000 habitants de Virginie-Occidentale, l'un des Etats les plus pauvres des Etats-Unis. Ici, la population, très majoritairement blanche, pleure le déclin des mines de charbon.

Gary Howell, président du parti républicain local, accueille Mark devant son vieux garage. Les désaccords apparaissent rapidement: le réchauffement climatique est un canular, explique Gary Howell, qui affirme que les ours polaires sont plus nombreux que jamais sur la planète. Les données le prouvent, assure-t-il. Lorsque Mark lui répond qu'il a d'autres données, son interlocuteur lui recommande de ne pas utiliser les médias, car ceux-ci filtrent les informations.

Cet élu au Parlement de l'Etat s'accorde sur un point avec Mark: l'opposition à la corruption de Washington. Mais quand le démocrate lui fait remarquer que Donald Trump se vante d'acheter des politiciens, Gary lui rétorque qu'Hillary Clinton, elle, vend ses faveurs.

Mark Levine à Keyser (West Virginia) avec Gary G. Howell, garagiste et président des républicains du Mineral County. [RTS - Philippe Revaz]
Mark Levine à Keyser (West Virginia) avec Gary G. Howell, garagiste et président des républicains du Mineral County. [RTS - Philippe Revaz]

"Washington doit mieux réguler les pharmas"

Prochaine étape: un restaurant au centre-ville. Lorsqu'une ambulance passe devant l'établissement, le serveur parie que c'est une overdose. L'addiction aux antidouleurs et à l'héroïne est en effet monnaie courante à Keyser, comme dans toute la région, minée par cette épidémie. Ilan, le barman, et Mark se disent d'accord sur le besoin de réguler les pharmas à Washington, où le lobby pharmaceutique pousse pour l'usage des opiacés.

Les deux hommes s'accordent également sur la nécessité de construire des infrastructures - ponts et routes - pour contrer  le déclin économique.

"Nous ne sommes pas loin d'une nouvelle guerre civile"

Mark se rend ensuite dans un magasin d'armes. Steve, le patron, défend le droit à l'autodéfense. Mark acquiesce, mais insiste sur le fait que les vérifications des antécédents doivent s'appliquer aux individus et pas seulement aux magasins, à quoi Steve adhère. Comme avec Gary Howell, on s'accorde ici sur certains points précis et concrets, mais pas sur le paysage global.

"Les gens en ont marre de Washington", lance Steve, tout en évoquant la perspective d'une nouvelle guerre civile.

Mark Levine dans le magasin d'armes "Eagle Eye" à Keyser. [RTS - Philippe Revaz]
Mark Levine dans le magasin d'armes "Eagle Eye" à Keyser. [RTS - Philippe Revaz]

>> Le premier épisode du reportage de Philippe Revaz, correspondant de la RTS aux Etats-Unis :

Mark Levine (gauche) avec Gary G. Howell, garagiste et président des républicains du Mineral County. [RTS - Philippe Revaz]RTS - Philippe Revaz
"Washington vs Trumpland", l'élite démocrate face à la base républicaine (1/2) / Tout un monde / 9 min. / le 29 septembre 2016

"Tensions au diner"

Mark se rend ensuite dans un "diner" républicain de Moorefield, bourgade de 2500 habitants. Le représentant local du parti n’apprécie pas de le voir et craint que ce démocrate, importé de Washington par la radio Suisse, ne soit là pour faire un éclat.

Une salle de réunion: le "Reagan Dinner" des républicains du "Hardy County" à Moorefield, West Virginia. [RTS - Philippe Revaz]
Une salle de réunion: le "Reagan Dinner" des républicains du "Hardy County" à Moorefield, West Virginia. [RTS - Philippe Revaz]

Mark le rassure et le voilà adopté. Mais des tensions persistent et Randy Smith, un élu local et employé d’une mine de charbon, rappelle que Hillary Clinton voulait mettre les mineurs au chômage. Mark Levine tente en vain de lui faire admettre que l’ère du charbon appartient au passé. Des années-lumière semblent séparer ces deux univers.

"Le drapeau confédéré a été pris en otage par les racistes"

Direction Cumberland, une ville de l’extrême-ouest du Maryland délaissée par l’industrie. Edward W. Taylor Junior affiche fièrement le drapeau confédéré. Mark, qui travaille justement à débaptiser une rue du nom du président confédéré Jefferson Davis, lui accorde volontiers le droit de suspendre le drapeau a titre historique, mais rappelle que la plupart des gens le font pour des raisons racistes. Edward refuse l’accusation et affirme que les racistes ont pris en otage ce drapeau.

Pour Edward, seul Donald Trump est capable de sauver ce qui peut l’être. L’homme qualifie les républicains de pires traîtres qui soient. Car, une fois élus, ils trahissent leurs promesses et se rallient à la machine. Il dit préférer les démocrates: avec eux, il sait au moins à quoi s’en tenir.

"J’ai les documents qui prouvent qu’Obama n’est pas né aux Etats-Unis"

Dernière étape: la maison de Mary Miltenberger, 82 ans, présidente du Tea Party du comté d’Allegany. Elle invite Mark dans son salon pour évoquer sa défiance envers les élus - tous les élus - sauf Trump, qui veut rendre à l’Amérique sa grandeur.

Mary Miltenberger, présidente du Tea Party local, avec les documents qui prouvent selon elle qu'Obama n'est pas né aux Etats-Unis. [RTS - Philippe Revaz]
Mary Miltenberger, présidente du Tea Party local, avec les documents qui prouvent selon elle qu'Obama n'est pas né aux Etats-Unis. [RTS - Philippe Revaz]

Quelle est cette époque dorée qu’elle aimerait tant retrouver? Les années 1960 et 1970, dit-elle, lorsque les gens savaient encore se tenir. Mark lui rappelle des épisodes difficiles de ces deux décennies: Watergate, Vietnam, les assassinats de Kennedy et de Martin Luther King… Mais, soudain, Mary aborde sa préoccupation principale: Barack Hussein Obama: "C’est un imposteur, lâche-t-elle. Il n’est pas né aux Etats-Unis".

Elle présente une masse de documents censés prouver la naissance d’Obama au Kenya. Mark a beau feuilleter, il ne trouve rien d’autre que des photocopies d’articles ou des échanges d’emails. C’est à ce moment-là que Mark reçoit une alerte sur son smartphone indiquant que Donald Trump reconnaît officiellement que le président américain est bien né aux Etats-Unis. Mais ça ne suffit pas à déstabiliser Mary: "Trump n’en pense pas moins, dit-elle. Il doit simplement faire attention à ce qu’il dit".

Mark en reste là… Il lui faudra quelques heures pour rejoindre son quartier bobo et progressiste d’Alexandria.

>> La 2e partie du reportage de Philippe Revaz dans Tout un Monde :

Mark Levine et Randy Smith, élu républicain au parlement de Virginie occidentale, qui travaille dans une mine de charbon. [RTS - Philippe Revaz]RTS - Philippe Revaz
"Washington vs Trumpland", l'élite démocrate face à la base républicaine (2/2) / Tout un monde / 10 min. / le 30 septembre 2016

Philippe Revaz/hend

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