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"On a traîné les hôpitaux sur le champ de bataille", dénonce MSF

La présidente de MSF Joanne Liu a déploré mardi l'aide internationale "dramatiquement insuffisante" en Centrafrique.
L'aide humanitaire et médicale n'est plus sacrée sur les lieux de conflits armés / Tout un monde / 10 min. / le 3 octobre 2016
"On a vraiment traîné sur un champ de bataille les hôpitaux avec leurs médecins et patients", a déclaré lundi la présidente de MSF Joanne Liu sur les ondes de la RTS, un an après l'attaque de Kunduz en Afghanistan.

Depuis le bombardement de l'hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz, dans lequel 42 personnes ont perdu la vie dont 14 employés de MSF, 21 autres structures de l'organisation ont été touchées dans 77 attaques au total.

"Ces attaques ont été à chaque fois soutenues", explique dans l'émission Tout un monde Joanne Liu, qui se dit "foudroyée et extrêmement inquiète" de cette tendance.

"La crédibilité du Conseil de sécurité est en jeu"

La semaine dernière, la présidente de MSF a dénoncé cette situation devant le Conseil de sécurité de l'ONU. "Vous avez mis les mots (dans une résolution adoptée en mai dernier), maintenant il faut les mettre en action", a déclaré Joanne Liu, pour qui la crédibilité du Conseil de sécurité est en jeu.

MSF a notamment demandé aux Nations unies des investigations indépendantes sur les différentes attaques, ainsi que la nomination d'un représentant mandaté pour documenter ces violences et rapporter régulièrement au Conseil de sécurité.

Car jusqu'à présent aucune enquête indépendante n'a été conduite sur Kunduz. Seules des investigations par les Etats parties aux attaques à l'encontre des hôpitaux ont été menées, mais "on ne peut pas être jury et partie en même temps", estime Joanne Liu.

"Un chèque en blanc pour des guerres sans limite"

Pour celle qui a été élue en 2015 par Time Magazine l'une des 100 personnes les plus influentes de la planète, "tant que rien n'arrête ces attaques, un chèque en blanc est donné pour mener des guerres sans limite, sans règle".

A l'image de ce qui se passe aujourd'hui à Alep en Syrie, où chaque jour "les médecins doivent avec des difficultés énormes choisir quels patients occuperont les 5 lits de soins intensifs existants".

Ces bombardements ont d'ailleurs modifié la manière de travailler de MSF, l'organisation étant réduite à "des équipes squelettes pour prendre en charge des victimes de violence de masse".

tmun

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