L'atmosphère était lourde comme avant un orage vendredi à Qayyarah, à près de 60 kilomètres de Mossoul. La ville, fraîchement libérée des combattants de l'organisation Etat islamique (EI), serait pressentie pour être le point de départ de la grande offensive que compte mener l'armée irakienne pour récupérer Mossoul, deuxième ville d'Irak avant son invasion par l'EI en juin 2014.
En retrait, les djihadistes ont mis le feu aux 13 puits de pétrole de la région, afin qu'un épais voile noir puisse entraver les passages de l'aviation irakienne. Mais la population locale en pâtit aussi. Il faut "se laver toutes les heures" car la fumée "pénètre même par les fenêtres", a confié un habitant à France 2. La plupart des enfants souffrent de crises d'asthme.
Les acteurs de l'offensive font encore débat
L'offensive devrait débuter dans quelques jours "à moins que ne se produise un développement extraordinaire", a annoncé vendredi l'agence de presse officielle turque Anatolie.
Selon euronews, 80'000 personnes seraient mobilisées. En plus de l'armée irakienne, soutenue par quelques soldats américains, des combattants sunnites devraient participer à l'offensive. Mais leur présence est incertaine, de même que celle des peshmergas (voir encadré).
En attendant que la coalition trouve un accord, les djihadistes ont truffé la ville de pièges en tout genre.
>> Lire : L'EI piège la ville de Mossoul avant une offensive de l'armée irakienne
agences/bri
Erdogan tente d'imposer ses volontés
La Turquie a encore haussé le ton contre l'Irak vendredi. Poussée par la crainte que les peshmergas (Kurdes) prennent pieds dans une région qu'elle considère comme son pré carré, la Turquie a répété vendredi refuser que ces combattants participent à l'assaut.
Par ailleurs, le président turc a menacé de recourir à "un plan B", voire un "plan C" si les centaines de volontaires sunnites entraînés par Ankara depuis des mois pour reconquérir Mossoul ne participent pas à l'offensive. Dans son argumentaire, le président Recep Tayyip Erdogan (sunnite) estime que la libération de Mossoul doit se faire uniquement par des forces qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville (à majorité sunnite).
Le pouvoir irakien (à majorité chiite) considère ces mises en garde comme une ingérence inacceptable.
Les Nations Unies inquiètes pour les civils
"Les Nations Unies estiment que dans le pire des scénarios, Mossoul pourrait représenter l’opération humanitaire la plus complexe au monde en 2016", a déclaré à Euronews la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak. Entre 1,2 et 1,5 million de civils pourraient être touchés.
Six camps ont été installés pour accueillir une partie des déplacés. Il pourrait y en avoir d'autres.