Alors que l'accord sur le climat de la COP21 entrera en vigueur quatre jours avant l'élection présidentielle américaine, le changement climatique a été totalement absent de la campagne qui oppose Hillary Clinton à Donald Trump.
A l'issue du troisième et dernier débat de campagne qui s'est tenu mercredi soir, un éditorialiste du New York Times déplore que pas un seul des trois journalistes modérateurs n'a posé de questions à ce sujet.
Le changement climatique n'a pas été mentionné une seule fois dans ce dernier duel télévisé.
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3% des échanges sur les trois débats
Lorsque l'on analyse les temps de parole des candidats lors des trois débats, il ressort que seuls 3% des échanges ont porté sur l'environnement, l'énergie ou le changement climatique. En détail, on constate que 0,9% du temps a été consacré au climat en tant que tel, et 1,8% à la politique énergétique.
Pour ce troisième débat comme pour les deux premiers, les piques entre adversaires et les scandales ont monopolisé le temps d'antenne avec 23% du total. Suivent les enjeux domestiques tels que la fiscalité, la justice, l'assurance-maladie ou l'avortement.
Étonnamment, l'emploi (6,3%) et l'immigration (5%) ne figurent pas non plus dans le haut du tableau.
2e producteur mondial de CO2
Après l'annonce de l'entrée en vigueur de l'accord de Paris sur le climat pour début novembre, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait dit craindre que les Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre derrière la Chine, se désengage du processus.
Barack Obama a parlé d'un "jour historique". Mais son ex-secrétaire d'Etat et candidate démocrate Hillary Clinton n'a que peu concrètement évoqué son plan pour le climat, même si elle a lancé à plusieurs reprises vouloir créer de nouveaux emplois liés à la préservation de l'environnement ou aux énergies propres.
Son rival républicain, Donald Trump, estime pour sa part que le changement climatique n'est pas lié aux actions humaines et a répété qu'il y avait des sujets bien plus graves à traiter. Il a annoncé vouloir se retirer de l'accord signé à Paris en décembre 2015 s'il est élu président.
Matthew n'a pas mobilisé les candidats
Sauf que les températures mondiales continuent d'augmenter, que les ouragans tels que le récent Matthew ne cessent de se succéder, et que 2016 pourrait encore exploser les records annuels de températures.
Et si les candidats ont préféré se concentrer sur des thématiques plus classiques (immigration, économie, la politique étrangère, djihdadisme, etc.), un récent sondage du centre Pew Research a montré que le changement climatique intéressait pourtant les deux tiers des Américains.
Le Pentagone avait même averti en 2015 que le changement climatique serait un risque pour la sécurité nationale à cause des déplacements importants de population qu'il pourrait engendrer, relatait encore le Guardian mercredi avant le dernier débat.
Sophie Badoux