"L'Europe d'aujourd'hui pourrait la conduire vers un dénouement malheureux, alors que l'histoire avait bien commencé", a regretté celui qui a dirigé l'Etat français de 1974 à 1981. Il était mardi à Zurich pour marquer les 70 ans du discours de Winston Churchill appelant à la création des "Etats-Unis d'Europe".
Valéry Giscard d'Estaing, 90 ans, n'hésite pas à évoquer des "craquements" dans la structure de l'Europe, un projet qu'il juge "paralysé", mais dont il reste un fervent défenseur.
Devenir un continent "puissant"
Alors comment faire redémarrer l'Europe? Pour Valéry Giscard d'Estaing, qui a été l'un des principaux moteurs de la construction européenne dans les années 1970 avec son homologue allemand Helmut Schmidt, "il faut rester le continent de la paix, mais passer à la puissance".
Dans le monde de demain, nous serons trop petits. (...) Nous sommes le continent le plus découpé du monde.
"Dans le monde de demain, nous serons trop petits. (...) Nous sommes le continent le plus découpé du monde", a-t-il dit à la RTS, évoquant un manque de poids dans les affrontements commerciaux par rapport aux Etats-Unis et à la Chine.
Compétences économiques en commun
Dans 20 ans, à Shanghai ou à Los Angeles, quand on vous demandera votre nationalité, vous direz je suis Européen.
Concrètement, l'ancien chef d'Etat ne plaide pas pour un pouvoir central européen, mais propose une mise en commun des dettes nationales et une fiscalité unifiée. En d'autres termes, un appel aux Etats à déléguer certaines compétences économiques au niveau fédéral.
"Dans 20 ans, à Shanghai ou à Los Angeles, quand on vous demandera votre nationalité, vous direz je suis Européen", espère-t-il. A ses yeux, c'est la condition nécessaire pour se hisser à la place de troisième puissance mondiale.
jvia
Le Brexit? "Une clarification bénéfique"
Valéry Giscard d'Estaing voit le Brexit comme une "clarification bénéfique" pour l'Europe.
"La Grande-Bretagne est un grand pays, mais ce n'est pas un pays européen. Les Britanniques ont toujours agi en dehors de l'Europe et se sont opposés à ceux qui voulaient exercer le pouvoir", a-t-il estimé. Il compare notamment cette relation à celle entre les Etats-Unis et le Canada.
En d'autres termes, l'ancien président français voit le Brexit comme un "psychodrame alimenté par des lobbies spéculatifs. Certains veulent gagner de l'argent, d'autres ne pas en perdre..."
Pour lui, dès le moment où le Royaume-Uni quittera l'UE, il faudra "respecter sa nature" et avoir avec lui "un marché commun normal".