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"On va devoir vivre longtemps avec la menace de Daech en Europe"

Le journaliste américain Joby Warrick, auteur du livre "Sous les drapeaux noirs, la montée du groupe Etat islamique". [KEYSTONE - EPA/MARVIN JOSEPH/WASHINGTON POST]
Séquence 2 / Tout un monde / 5 min. / le 28 octobre 2016
Le journaliste du Washington Post Joby Warrick a remporté le prix Pulitzer pour son enquête sur Daech, "Sous le drapeau noir". Interrogé vendredi dans Tout un monde, il livre son analyse du mouvement.

L'enquête très fouillée du journaliste américain, couronnée par un prix Pulitzer, remonte aux fondations du mouvement et le décortique. Il aura fallu deux ans de recherches à Joby Warrick pour parvenir à son livre, qui se lit à la manière d'un roman.

Selon le journaliste du Washington Post, la coalition internationale va parvenir à faire tomber les villes syriennes de Mossoul, puis Raqqa, actuellement aux mains du groupe Etat islamique (EI).

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Mais ces victoires ne signifient pas forcément la fin de l'EI, ni la fin de ses conséquences violentes en Europe, a expliqué le journaliste à la RTS.

Après la bataille de Mossoul, ce serait étonnant qu'il n'y ait pas d'attentats sur sol européen ces prochaines semaines.

Joby Warrick, journaliste lauréat du prix Pulitzer

Quinze ans après

"On va devoir vivre longtemps avec cette menace. Quinze après le 11 septembre 2001, on pensait qu'Al-Qaïda n'existerait plus et pourtant on en parle encore. Ce sera la même chose pour Daech. Dans qunize ans, on devra toujours réfléchir à comment se protéger".

Le reporter explique qu'après la bataille de Mossoul, le groupe voudra se montrer particulièrement puissant et va certainement chercher à effectuer des attentats sur le sol européen. "L'Europe de l'ouest et les pays francophones sont particulièrement visés. Ce serait étonnant s'il n'y a pas d'attentats ces prochaines semaines".

L'idéal derrière les terroristes

Joby Warrick affirme aussi que "c'est plus facile de détruire les terroristes sur le terrain que de détruire l'idéal qui se trouve derrière l'organisation terroriste".

Le plus difficile, c'est de convaincre les Européens qui reviennent de Syrie de voir le monde différemmment.

Joby Warrick, journaliste du Washingon Post, gagnant du Pulitzer pour son enquête sur Daech

Pour les Etats européens, ce sera aussi difficile de "trier" parmi leurs citoyens qui reviennent de Syrie, entre ceux qui restent dangereux et les repentis qui se sont rendus compte qu'ils s'étaient trompés sur le compte de Daech, poursuit le journaliste.

Le meilleur message pour contrer l'idéologie de Daech, ce sont les témoignages des gens qui ont vécu sous le régime de l'EI, note encore Joby Warrick. Tortures, interdictions en tous genres, dictature autoritaire: "le monde comprend que ce sont des barbares, il faut que les gens entendent ce message pour qu'ils réalisent les atrocités commises. Personne n'a envie de vivre sous cette dictature autoritaire".

sbad

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