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Yves Daccord: "Une trêve humanitaire change tout pour les gens"

Le directeur général du CICR Yves Daccord. [Salvatore Di Nolfi]
L'invité de la rédaction - Yves Daccord / Le Journal du matin / 16 min. / le 2 novembre 2016
Pour le directeur général du CICR Yves Daccord, il est important de mettre en place des pauses humanitaires lors des conflits, car c'est vital pour les civils pris au piège dans des villes comme Alep ou Mossoul.

Quand on parvient à une pause humanitaire, comme il y en a déjà eu en Syrie, les civils peuvent à nouveau faire ce qui est important pour eux, se déplacer à travers la ville, avoir accès à la santé, s'occuper de leurs morts et de leurs blessés.

Selon Yves Daccord, interrogé mercredi dans le Journal du matin de la RTS, il est donc très important de continuer à négocier de telles trêves comme c'est le cas aujourd'hui pour Alep - où une pause est annoncée par la Russie pour vendredi - et comme ce sera le cas plus tard à Mossoul. Car cela permet aussi aux organisations humanitaires d'entrer dans les zones de combat.

Manque d'informations à Mossoul

Concernant la situation à Mossoul, Yves Daccord met en garde sur les nombreux effets d'annonce lancés ces derniers jours et sur les divers chiffres avancés par les parties en présence, parce qu'on n'est sûr de rien.

Concrètement, le CICR dispose de 11 bureaux en Irak et de 13 postes de santé autour de Mossoul, mais aucune organisation internationale ne se trouve dans la ville, d'où un manque d'informations qui fait craindre le pire. On sait seulement qu'entre 1 et 1,5 million de civils se trouveraient dans la ville irakienne assiégée.

Quand on pense à Mossoul, il faut penser à tous les scénarios, y compris au pire

Yves Daccord

Plus que les chiffres, c'est la situation humanitaire qui inquiète le directeur général du CICR, car les civils sont pris au piège dans la ville au milieu de divisions communautaires et de milices actives. Et partir n'est de loin pas évident, ajoute-t-il, car les personnes qui tentent de fuir courent des risques immenses d'être tuées ou emprisonnées.

Aller au-delà du duopole américano-russe

Yves Daccord insiste enfin sur le fait qu'il n'y a aujourd'hui aucune solution possible en Irak ou en Syrie sans que toutes les parties soient autour de la table, y compris les gouvernements. Mais selon lui, les autorités en place sont toutes convaincues qu'une solution militaire est encore possible, alors que "la seule solution est politique et diplomatique".

Aujourd'hui la solution est politique

Yves Daccord

A ses yeux, il faut maintenant regarder qui est responsable dans ces conflits et c'est le rôle du Conseil de sécurité. Et si la communauté internationale est impliquée directement, il ne faut pas réduire cette responsabilité au seul duopole américano-russe, car de nombreux pays jouent un rôle de premier plan, comme la Turquie, l'Iran et l'Arabie saoudite, et ces Etats n'arrivent pas à trouver une convergence de points de vue.

>> Lire aussi l'interview de Caroline Abu Sa'Da, ex-cheffe de la mission de Médecins sans frontières (MSF) à Bagdad : "Les gens qui fuient les combats en Irak sont en état de choc"

boi

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