"Nous avons convenu avec le président élu de nous réunir de préférence durant la période de transition (avant la prestation de serment en janvier, ndlr) pour définir avec clarté la direction que prendra la relation entre les deux pays", a déclaré le président mexicain Enrique Peña Nieto lors d'une conférence de presse.
Il a qualifié de "cordiale, amicale et respectueuse" la conversation téléphonique avec celui qui, durant la campagne, avait copieusement insulté les Mexicains.
"Je suis optimiste. Il est clair qu'une nouvelle étape s'ouvre avec l'arrivée d'un gouvernement mais je crois aussi qu'il y a une grande opportunité" pour le développement des relations entre les deux pays, a poursuivi le chef d'Etat mexicain.
Mur de la discorde
La question du mur de la discorde à la frontière mexicaine n'a pas encore été abordée. Plus tôt dans la journée, la ministre des Affaires étrangères Claudia Ruiz Massieu avait déclaré sur la chaîne Televisa que "payer un mur n'était pas envisagé".
Enrique Peña Nieto avait été vivement critiqué dans son pays en recevant à Mexico le 31 août Donald Trump sans condamner ouvertement ses propos au vitriol sur les migrants, notamment mexicains. Le candidat républicain les avaient qualifiés de violeurs et de trafiquants de drogue, provoquant la colère des Mexicains qui avaient brûlé ses effigies durant la Semaine sainte.
Enrique Peña Nieto avait ensuite reconnu que l'invitation était sans doute "précipitée" tout en la justifiant par la nécessité d'ouvrir le dialogue avec un possible futur président américain.
Conséquences économiques
Moins confiante, la Bourse mexicaine a chuté de 2,23% et le peso a plongé de 7,18% à la clôture, craignant des conséquences pour l'économie du pays. Selon Jonathan Heath, un expert économique réputé au Mexique, le peso va poursuivre sa chute à court terme.
Selon l'expert, la principale menace pour le pays porte sur une remise en question de l'accord de libre échange nord-américain (Alena) (lire aussi en encadré). Car Donald Trump s'est également engagé à le renégocier, trop favorable à ses yeux au voisin du sud.
En 2015, les échanges entre les pays ont atteint 531 milliards de dollars et 80% des exportations mexicaines prennent la direction des Etats-Unis.
"Un cauchemar"
Les Mexicains accusaient le coup après l'élection de celui qui a bâti sa campagne sur des diatribes contre eux. "Je me sens triste, très triste, ça ressemble à un cauchemar", commentait Erick Sauri, un architecte de 35 ans, qui arborait un tee-shirt "Hillary Clinton for president" après avoir suivi l'élection dans un restaurant de la capitale.
"Pour le moment nous gagnons déjà moins d'argent qu'hier", déplorait-il devant la chute du peso.
afp/sbad
Bernie Sanders tend aussi la main
Le candidat déçu à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders est prêt à travailler avec le nouveau président élu Donald Trump, a-t-il affirmé mercredi. Et ce, s'il compte vraiment "améliorer la vie des familles de travailleurs".
"Donald Trump a exploité la colère d'une classe moyenne en déclin qui n'en peut plus de l'establishment économique, de l'establishment politique et de l'establishment des médias", a ajouté Bernie Sanders dans un communiqué au lendemain de la victoire choc du candidat républicain à la Maison Blanche.
"Si Donald Trump entend vraiment mener des politiques visant à améliorer les vies des familles de travailleurs dans ce pays, moi ainsi que d'autres progressistes sommes prêts à travailler avec lui", a souligné le sénateur indépendant. Agé de 75 ans, il avait galvanisé des foules de jeunes en appelant à une "révolution politique" durant la primaire.
"S'il entend mener des politiques racistes, sexistes, xénophobes et contre l'environnement, nous nous opposerons vigoureusement à lui", a-t-il toutefois également mis en garde.
Le Canada inquiet pour son économie
L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, animée par des relents protectionnistes, suscite une vive inquiétude au Canada, lié depuis près de trente ans par un accord de libre-échange avec son voisin américain, qui absorbe les trois quarts de ses exportations.
En campagne électorale, Donald Trump a promis de renégocier, voire retirer son pays de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), étendu au Mexique en 1994 à partir d'un précédent traité conclu par le Canada et les Etats-Unis en 1989.
Le Canada et les Etats-Unis sont des partenaires commerciaux privilégiés, avec des échanges qui ont totalisé 670 milliards de dollars américains en 2015, soit 1,3 million chaque minute.
"Il est vital pour le commerce bilatéral que la frontière entre nos pays demeure ouverte pour assurer le passage rapide des biens", selon le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty.