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L'élection de Donald Trump est-elle le résultat d'un "ressentiment racial"?

Des partisans de Donald Trump à New York lors durant l'annonce des résultats le 8 novembre 2016. [AFP - Mandel NGAN]
Des partisans de Donald Trump à New York lors durant l'annonce des résultats le 8 novembre 2016. - [AFP - Mandel NGAN]
Parmi le flot de réactions à l'élection de Donald Trump, une analyse a émergé: celle d'une "revanche" de l'électorat blanc sur les minorités ethniques. Mais le poids du facteur racial dans le résultat final est contesté.

"Whitelash." Ce néologisme, mélange de "white" ("blanc") et de "backlash" ("retour de bâton") est devenu en quelques heures mercredi un mot-clé très partagé sur les réseaux sociaux, après avoir été employé sur CNN par un ex-conseiller de Barack Obama.

"Nous avons parlé de tout sauf de l'aspect racial ce soir. (...) Il s'agit d'un 'whitelash'. C’est une revanche des électeurs blancs contre un pays qui change. C’est en partie un 'whitelash' contre un président noir. (...) Je sais que cela ne se résume pas à l'aspect racial. Cela va au-delà. Mais la question raciale existe et on doit en parler."

"Les électeurs blancs n'ont pas supporté qu'Obama ait gagné DEUX FOIS alors ils ont voté pour Trump à la place d'une femme d'affaires vraiment qualifiée."

"L'élection de Barack Obama était le signe du long chemin parcouru... L'élection de Donald Trump est le signe que nous étions allés trop loin."

"Suprématie"

Pour de nombreux commentateurs, une partie suprémaciste de l'électorat blanc aurait voulu prendre une revanche raciale après huit ans de présidence Obama, le premier homme noir élu à la fonction suprême près de 50 ans après l'abolition de la ségrégation.

Sur la même ligne, Vox estime que la victoire de Donald Trump s'inscrit dans un mouvement de "ressentiment racial" global. Le site pro-démocrate évoque une étude parue en 2015 dans le Washington Post, lors de la nomination de Donald Trump à la primaire républicaine, selon laquelle le ressentiment racial serait corrélé à une plus forte propension à soutenir le milliardaire.

De fait, les sondages de sortie des urnes montrent une nette fracture au niveau de l'origine ethnique. Les Blancs sont les seuls à avoir choisi en majorité le magnat de l'immobilier comme président.

>> Lire : La base des électeurs de Donald Trump, des Blancs non citadins

Les minorités ont plus voté pour Trump que pour Romney

Beaucoup jugent pourtant réductrice cette lecture principalement raciale des événements. Le site américain Mother Jones souligne que les électeurs blancs ont moins voté pour Donald Trump qu'ils ne l'avaient fait pour Mitt Romney en 2012 (58% pour Trump, contre 59% pour Romney).

A l'inverse, les électeurs issus de minorités ethniques ont davantage voté pour le milliardaire qu'ils ne l'avaient fait pour le candidat républicain en 2012. Les Afro-américains ont voté à 8% pour Donald Trump, contre 6% pour Romney.

Les Hispaniques, eux, se sont prononcés à 29% en faveur du nouveau président américain, alors qu'ils s'étaient mobilisés à 27% pour Mitt Romney. Et selon cette journaliste spécialiste des questions démographiques, le même phénomène se constate du côté des électeurs d'origine asiatique:

Sans nier que la dimension raciale ait pu jouer un rôle dans l'élection, le phénomène n'apparaît donc pas plus marqué cette année qu'il y a quatre ans.

Hillary Clinton a surtout fait moins bien qu'Obama

Les analystes rappellent que l'électorat blanc est lui-même divisé par un autre critère très important: le niveau d'éducation, lui-même intimement lié à la classe sociale et au niveau de revenus.

Ils soulignent surtout que Hillary Clinton n'est pas parvenue à générer le même enthousiasme que son prédécesseur Barack Obama, en particulier auprès des minorités.

Hillary Clinton n'a capté "que" 88% du vote noir, contre 93% pour Barack Obama en 2012. Soixante-cinq pourcents des Latinos ont donné leur voix à la candidate, alors qu'ils étaient 71% à voter démocrate en 2012.

La candidate a également fait moins bien que le président sortant chez les électeurs blancs des "swing states" du Midwest.

Pour l'heure, ces analyses ne se basent que sur les sondages de sortie des urnes, les seuls disponibles. Des données plus précises permettront peut-être de déterminer dans les prochaines semaines si certaines sous-couches de l'électorat ont spécifiquement été attirées, ou repoussées, par l'atypique candidat conservateur.

Pauline Turuban

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Trump promet d'agir vite sur l'immigration et la santé

Donald Trump a promis jeudi d'agir vite sur les questions de sécurité sociale et d'immigration une fois qu'il aura pris ses quartiers à la Maison
blanche, le 20 janvier.

"Nous allons baisser les impôts, comme vous le savez", a-t-il poursuivi, après un entretien avec Paul Ryan, président de la Chambre des représentants. "Je pense que nous allons faire des choses absolument spectaculaires pour le peuple américain", a ajouté le président élu.

Pendant la campagne, le candidat républicain a notamment promis d'abroger la réforme de la couverture maladie de Barack Obama, d'expulser les sans-papiers et de construire un mur à la frontière mexicaine pour enrayer l'immigration.

Toutefois, certaines des propositions les plus controversées formulées par Donald Trump durant la campagne électorale ont disparu jeudi de son site internet de campagne. Parmi elles: son appel à interdire aux musulmans l'entrée aux Etats-Unis et sa promesse de dénoncer l'Accord de Paris sur le climat.