> 27 avril 2011: la controverse du certificat de naissance
Donald Trump se lance dans la vie politique avec une bataille contre un morceau de papier: il réclame dès mars 2011 une version complète du certificat de naissance de Barack Obama, prouvant que celui-ci est né sur sol américain et qu'il peut donc exercer la fonction de président des Etats-Unis.
Le 27 avril, Barack Obama cède aux pressions, "considérant que cette distraction n'est pas une bonne chose pour le pays", et publie le document. Il l'annonce à la presse à la Maison Blanche, interrompant sur les chaînes d'information en continu la diffusion d'une conférence de presse de Donald Trump, qui réfléchit alors à se présenter à la primaire républicaine. Hasard de timing?
"Je suis honoré et très fier d'avoir pu faire quelque chose que les autres n'ont pas réussi", déclare le milliardaire, estimant avoir remporté une victoire face au président.
> 30 avril 2011: le dîner des correspondants
"Personne n'est plus content de mettre de côté cette histoire de certificat de naissance que 'le Donald'. Car il peut enfin retourner s'occuper d'affaires plus importantes, par exemple avons-nous vraiment marché sur la Lune? Que s'est-il passé à Roswell? Où sont (les rappeurs décédés) Biggie et Tupac?"
C'est par ces mots que Barack Obama s'attaque à Donald Trump lors du traditionnel dîner des correspondants à la Maison Blanche en 2011. Assis dans la salle, l'homme d'affaires feint un sourire. Barack Obama ne s'arrête pas: il se moque de l'expérience de leader que Donald Trump a acquise durant "The Celebrity Apprentice". "Les décisions que vous prenez (dans l'émission) m'empêcheraient de dormir", lance le président, alors que secrètement, il vient d'ordonner le raid qui mènera à la mort d'Oussama Ben Laden.
Humilié, Donald Trump décide ce soir-là de se lancer un jour dans la course à la Maison Blanche, selon Roger Stone, un de ses conseillers politiques. "C'était phénoménal, j'ai passé une excellente soirée", racontera pourtant Donald Trump plus tard. Mais le gratin de la presse de Washington a eu le loisir de l'observer grimacer ce soir-là. Durant des années, l'homme d'affaires a été moqué et sous-estimé, et ces expériences l'ont construit, analysait le New York Times en mars dernier.
> 30 avril 2016: rebelote
Car Donald Trump n'a pas été pris au sérieux avant la primaire républicaine, ni dans son camp ni dans celui des démocrates. Et il est demeuré une cible de choix pour Barack Obama et sa campagne pro-Clinton teintée du cool qu'Hillary n'a pas. A son dernier dîner des correspondants en avril, Barack Obama remet le couvert.
"Les républicains disent que Donald manque d'expérience en politique étrangère pour être président, mais il a passé des années avec des dirigeants du monde entier: Miss Suède, Miss Argentine, Miss Azerbaïdjan", lance-t-il, sourire aux lèvres:
Et rebelote le mois passé dans l'émission "Jimmy Kimmel Live", où le chef d'Etat américain commente avec humour des tweets haineux. A un certain @realDonaldTrump qui le traite du "pire président des Etats-Unis de l'histoire", Barack Obama répond que lui au moins a été président. Une pique que l'on regarde désormais d'un autre oeil.
> 8 novembre 2016: la revanche de Trump
Un coup de fil qui a dû faire mal à l'un et procurer un sentiment de revanche à l'autre: Barack Obama appelle mercredi Donald Trump, prochain président des Etats-Unis, afin de lui présenter ses félicitations. L'homme d'affaires est alors invité jeudi à la Maison Blanche pour préparer la transition, conformément à la tradition.
>> Lire aussi : Donald Trump s'est dit impatient de recevoir "les conseils" de Barack Obama
Clap de fin d'un quinquennat de piques et de haine entre les deux figures américaines? Si une nouvelle bataille Obama-Trump émerge un jour, elle sera peut-être menée par Michelle Obama. Un scénario que des internautes espèrent déjà, implorant la Première dame de se présenter en 2020.
Tamara Muncanovic