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Le gendre de Ben Ali niait toute affaire de corruption avant sa condamnation

Slim Chiboub, gendre de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali, le 12 janvier 2016. [AFP - Mohamed Khalil]
Un gendre de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali condamné en Suisse / Tout un monde / 7 min. / le 21 novembre 2016
Un gendre de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali vient d'être condamné en Suisse pour complicité de corruption. Juste avant cette sentence, Slim Chiboub affirmait à la RTS n'avoir rien à se reprocher.

Le Ministère public de la Confédération a infligé une peine de de 150 jours-amendes avec sursis pour un total de 375'000 francs à Slim Chiboub, homme d'affaires et ex-patron d'un des plus grands clubs de football du pays. Il a confirmé lundi à la correspondante de la RTS que c'est bien lui qui faisait l'objet de cette condamnation pour complicité de corruption.

Celui qu'on surnomme simplement "Le Gendre" en Tunisie ne répond pas aux interviews, mais il avait accepté de rencontrer la correspondante de la RTS juste avant l'annonce de sa condamnation.

"Je vous regarde droit dans les yeux... Le temps va démontrer que je ne suis dans aucune affaire de corruption", avait-il affirmé.

Excuses pour l'abandon des poursuites

Revenu au pays en 2014 après un exil aux Emirats Arabes Unis, Slim Chiboub s'était livré en mai dernier à l'Instance Vérité et dignité (IVD), qui doit réhabiliter les victimes de la répression sous le régime de Ben Ali. La loi sur la justice transitionnelle prévoit un abandon des poursuites contre les personnes incriminées si elles reconnaissent leurs crimes, s'excusent et si elles restituent les sommes indûment perçues.

Or, dans l'interview réalisée par la RTS en novembre dernier, il assure être irréprochable. "Pour quelles raisons devrais-je demander pardon en mon nom? (..) Mon argent est propre à 100%", a-t-il déclaré.

Pour quelles raisons devrais-je demander pardon en mon nom? (...) Mon argent est propre à 100%.

Slim Chiboub, gendre de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali

"C'est clair que je suis devenu un nom public. Les gens savent que ma présence et mon nom peuvent les aider (...) Il y a des abus de pouvoir, mais je ne parle pas de moi, il n'y a aucune affaire où je suis impliqué", a-t-il insisté.

Mais pourquoi avoir été parmi les rares à se présenter devant l'IVD s'il n'a rien à se reprocher? "On m'a collé douze affaires...Je ne vais pas passer le reste de ma vie à me rendre devant les tribunaux! La justice transitionnelle permet de régler ces problèmes dans un laps de temps donné", répond Slim Chiboub.

Intérêt pour la politique

La justice transitionnelle permettrait donc au gendre de l'ancien dictateur de se "refaire une virginité". En effet, l'influent et populaire Slim Chiboub ne cache pas son envie de jouer à nouveau un rôle important en Tunisie.

"Rien ne m'interdit aujourd'hui de faire des affaires, de travailler", déclare-t-il, évoquant ses compétences dans l'intermédiation.

"Le commerce parallèle qui a ruiné le pays sous Ben Ali représentait 20% de l'économie tunisienne. Il représente aujourd'hui 58%, je vous laisse en tirer les conséquences", ajoute encore Slim Chiboub, qui laisse entendre une volonté de se lancer en politique. "Si on me sollicite, je m'exécuterai pour mon pays".

Maurine Mercier/jvia

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Fonds bloqués par le Conseil fédéral

Avant l'éclatement du Printemps arabe, "Le Gendre" avait été visé par une autre enquête du Ministère public de la Confédération. Les investigations concernaient l'obtention de pots-de-vin versés par la société Alstom.

Tout comme son épouse, fille cadette de l'ex-président Ben Ali, et sa première femme, Slim Chiboub figure sur une liste du Conseil fédéral, qui institue des mesures à l'encontre des proches de l'ancien chef d'Etat. En tout, le Conseil fédéral a bloqué près de soixante millions de francs appartenant au cercle des personnes proches de Ben Ali.