François Fillon s'envole, Alain Juppé s'effrite et Nicolas Sarkozy s'efface. Ce constat du Figaro traverse en substance toutes les Unes de la presse française lundi matin, après le "raz-de-marée" pour François Fillon à la primaire de droite.
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Des titres qui parlent aussi de la "déferlante Fillon", de "L'échappé" ou encore de "Fillon qui écrase tout" dans Le Parisien. A l'inverse, certains ont préféré titrer sur la défaite de Nicolas Sarkozy, "kärchérisé" selon l'éditorialiste de Libération et "humilié" dans Ouest-France. Le Point angle aussi sur le "triomphe de l'anti-Sarkozy".
Vote antisarkozyste
Pour Libération, ce plébiscite inattendu est une "claque magistrale" pour l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. "Derrière la primaire de droite se cachait bien un référendum sur le retour aux affaires de Nicolas Sarkozy", analyse le journal.
Si l'heure de la "retraite à 62 ans" sonne pour Nicolas Sarkozy, c'est la "douche froide" pour Alain Juppé, note encore l'article de Libération.
Les électeurs, une fois de plus, ont renversé la table, écrit Le Figaro, qui avertit toutefois sur des comparaisons hâtives (Trump ou le Brexit). Selon l'analyse du quotidien, on a assisté à un vote antisarkozyste, poussé par le souvenir d'un quinquennat décevant.
Juppé trop modéré
Mais ce vote a également dévoilé la fragilité d'Alain Juppé, le maire de Bordeaux que les médias et les sondages voyaient comme le grand vainqueur dimanche.
"Alain Juppé est modéré dans ses convictions, comme dans son tempérament", il s'est contenté de n'être qu'une option molle pour les antisarkozystes sans la remplir, alors que François Fillon présentait une alternative positive, analyse l'éditorialiste du Figaro.
Autorité sereine, "François Fillon promet d'être plus ferme que Juppé et plus calme que Sarkozy", il est l'incarnation même de la droite tranquille, conclut le journal.
Droite dure et conservatrice
Le Monde analyse pour sa part la victoire de François Fillon comme celle d'une droite "conservatrice, catholique et de province". Il rappelle que le député de Paris était encore lui-même sceptique sur sa victoire il y a quelques semaines, expliquant par là même la surprise du résultat.
Le quotidien français décrit Nicolas Sarkozy comme une "victime". Mais celle de sa propre campagne qui visait à électriser sa base avec un discours ultra-droitier, mais qui a clairement échoué.
Avec la primaire de dimanche, la droite tourne la page de dix ans de sarkozysme et François Fillon pourrait bien être la "synthèse idéale entre Juppé et Sarkozy", estime Le Monde.
Sarkozy congédié par son camp
Le site d'information Mediapart est quant à lui plus sévère, parlant d'une humiliation totale pour l'ancien chef de l'Etat qui s'est fait renvoyer par ses propres électeurs. "C'est une exécution en place publique", écrit le journaliste, qui parle d'une lettre de licenciement de la droite adressée à Nicolas Sarkozy, aussi président des Républicains.
Mais Mediapart prévient que c'est une droite dure et conservatrice qui reprend le flambeau.
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La presse romande
"François Fillon crée le choc en laissant loin derrière Juppé et Sarkozy", tel est le titre en Une du journal Le Temps lundi, qui relève, comme ses confrères français, la surprise créée par l'ancien Premier ministre.
Une surprise sur laquelle titre aussi la Tribune de Genève, "François Fillon crée la surprise en France", tandis que dans la Liberté, "Fillon assomme au finish ses rivaux de droite".
Les analyses vont dans le même sens qu'en France: un Nicolas Sarkozy qui rêvait de revanche écrasé, alors que le chouchou des sondages Alain Juppé ressort fragilisé. Mais ce qui est aussi relevé, c'est l'importante participation du peuple pour une primaire de ce format inédite.
Selon les journaux suisses, reste à savoir qui de la gauche, désorganisée, pourrait bien affronter François Fillon et Marine Le Pen.