Invitée de l'émission Forum, Ruth Dreifuss s'est exprimée alors qu'elle venait de présenter à Washington le nouveau rapport de la commission globale de politique en matière de drogues, dont elle est membre en compagnie notamment de l'ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan.
Selon elle, la politique suisse à quatre piliers (prévention, thérapie, réduction des risques, répression et régulation du marché) "peut convaincre" aux États-Unis, surtout au niveau local. "C'est un modèle qui commence à convaincre dans certains Etats, bien que ce n'est pas encore un modèle qui va convaincre le législateur fédéral."
Ithaca sur les traces de la Suisse
L'ancienne conseillère fédérale a évoqué le cas de la ville d'Ithaca, dans l'Etat de New York, où les autorités "ont ouvert les yeux sur la réalité" et introduit l'échange de seringues. "Nous cherchons maintenant les moyens d'ouvrir un local de consommation protégée", a-t-elle décrit.
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"Nous avons vécu une situation semblable en Suisse. C'est finalement devant l'horreur des scènes ouvertes, devant l'épidémie du sida, devant les overdoses que nous avons réussi à réformer les politiques. (...) Nos solutions sont considérées comme des exemples", a encore ajouté Ruth Dreifuss.
Le problème aujourd'hui: la crise des opiacés
Interrogée sur l'effet que pourrait avoir la politique de Donald Trump sur les récentes dépénalisations du cannabis aux Etats-Unis, l'ancienne conseillère fédérale a estimé que cette drogue dite "douce" n'était finalement pas le sujet le plus important malgré les problèmes de criminalisation.
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"Le problème bien plus aigu aujourd’hui, c’est la crise des opiacés, c’est-à-dire l’héroïne et les médicaments qui sont prescrits contre les douleurs. Ces drogues provoquent des morts par overdose", a expliqué Ruth Dreifuss.
"Dans certains Etats américains, nous avons aujourd'hui une situation semblable à celle que nous avions il y 20-25 ans en Suisse et ailleurs en Europe, donc des contaminations très graves d’hépatite, de VIH, etc. Et des morts par overdose parmi la population jeune", a conclu l'ancienne présidente de la Confédération.
gchi