"Le commandant en chef de la Révolution cubaine est décédé à 22h29 [4h29 samedi en Suisse, ndlr] ce soir", a annoncé Raul Castro.
Sa dépouille "sera incinérée" samedi a-t-il ajouté dans une brève allocution conclue par un tonitruant: "Hasta la victoria, siempre" ("Jusqu'à la victoire, toujours!"), l'antienne bien connue du Comandante.
Le conseil d'Etat a décrété "neuf jours de deuil national", depuis samedi jusqu'au dimanche 4 décembre, jour des obsèques de l'ancien président.
Les cendres de Fidel Castro seront enterrées le 4 décembre à Santiago de Cuba, ville de l'est berceau de la révolution, après une procession de quatre jours à travers l'île, suivant en sens contraire le trajet de la "Caravane de la liberté", à bord de laquelle Fidel Castro avait relié voici 58 ans Santiago à La Havane, où il entra en triomphateur le 8 janvier 1959.
Une commission d'organisation des funérailles ad-hoc a annoncé samedi matin que les cendres du "Comandante" reposeraient comme attendu au cimetière de Santa Ifigenia, qui abrite déjà la tombe du héros national de l'indépendance Jose Marti.
Accueil de dignitaires étrangers
Fidel Castro, qui a tenu son île d'une main de fer depuis la révolution de 1959 et défié la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle, avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 après une hémorragie intestinale.
L'ex-président cubain avait totalement disparu des écrans entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé. Mais, depuis un an et demi, il avait recommencé à publier des "réflexions" et s'était remis à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers.
Entrée dans l'Histoire les armes à la main
Fils d'un immigrant espagnol, cet ancien élève des jésuites est entré dans l'Histoire les armes à la main en tentant à 27 ans de s'emparer en juillet 1953 de la deuxième place militaire du pays, la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba (sud-est), avec une centaine de conjurés.
L'échec de l'opération, qui vaudra prison et exil au jeune avocat, ne ruine en rien sa détermination. Amnistié et libéré, il lance trois ans plus tard une guérilla de 25 mois qui mettra à bas la dictature de Fulgencio Batista et donnera la victoire à ses "barbudos" en janvier 1959.
John F. Kennedy, le deuxième des 11 présidents américains qu'il aura défiés, fait débarquer les anticastristes dans la baie des Cochons en 1961: cuisante défaite américaine, Fidel Castro devient un héros.
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agences/kg/hend
Raul désormais seul aux commandes
Avec le décès de Fidel, Raul Castro se retrouve seul à piloter l'Etat cubain, lui qui avait assuré au moment de sa nomination qu'il consulterait le "Commandant en chef" pour toutes les décisions importantes.
Raul, âgé de 85 ans depuis le 3 juin, a engagé ces dix dernières années un lent processus de "défidélisation" du régime, défini en avril 2011 par l'adoption lors d'un congrès historique du PCC d'un ensemble de mesures économiques destinées à sauver Cuba de la faillite.
Il a également orchestré dans l'ombre un rapprochement historique annoncé mi-décembre avec les États-Unis, révélant un pragmatisme qui tranche avec l'anti-américanisme viscéral de son aîné.