Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a présenté samedi ses condoléances au peuple cubain après le décès du père de la Révolution cubaine Fidel Castro.
Sur les ondes de la RTS, il a rappelé les liens particuliers qui ont lié Cuba et la Suisse en raison du mandat helvétique de protection dans le pays jusqu'au rétablissement des relations entre Cuba et les Etats-Unis: "Nous pensons qu'il y a un temps après ce très long passage de Monsieur Castro - qui n'était plus au pouvoir, mais qui l'a été depuis plus d'une cinquantaine d'années - Mais ma vision de Cuba n'est pas vraiment liée à celle de Monsieur Castro, parce que je me suis surtout concentré à essayer d'écrire le nouveau chapitre (du développement de Cuba, ndlr). Et ce ne sera pas simple", a indiqué le ministre des Affaires étrangères.
De son côté, le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann a envoyé un message de condoléances au président cubain Raul Castro.
L'ex-chef du groupe parlementaire socialiste aux Chambres fédérales et connaisseur de Cuba Franco Cavalli a également réagi à la mort de l'ancien président cubain: "Pour beaucoup de gens, il représentait un père. Pour eux, c'est comme si un proche avait disparu." Même pour les adversaires du régime, il était une figure d'identification: "A Cuba, Fidel reste une idole," selon l'oncologue tessinois.
Le professeur émérite de sociologie et ancien conseiller national socialiste Jean Ziegler a au total rencontré neuf fois Fidel Castro entre la fin des années 1960 et 2006. "J'ai été plusieurs fois chez lui à la maison", a-t-il expliqué samedi à l'ats. Le Genevois a été le seul rapporteur spécial des Nations-Unies que le régime a accueilli.
Autre sympathisant suisse du régime cubain, le photographe vaudois Luc Chessex est revenu dans Forum samedi sur ses années passées au plus près du pouvoir castriste dans les années 1960 et 1970.
"Un dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple"
Le président élu américain Donald Trump a choisi Twitter pour sa première réaction à la mort du Cubain. "Fidel Castro est mort!", a-t-il simplement écrit sur le réseau social, sa plateforme de communication favorite. Il a ensuite indiqué dans un communiqué de presse que "le monde marque la mort d'un dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple".
Le président sortant Barack Obama a quant à lui affirmé que l'Histoire "jugera l'impact énorme" du révolutionnaire.
Cuba est engagée dans un dégel historique avec les Etats-Unis depuis fin 2014, mais Donald Trump a affiché des réserves sur ce rapprochement, affirmant qu'il ferait "tout pour obtenir un accord solide" avec La Havane.
"Sous l'ancien président Castro, Cuba a fait des avancées dans les domaines de l'éducation, de l'alphabétisation et de la santé", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon.
"Nous devons suivre son héritage"
"A tous les révolutionnaires du monde, nous devons suivre son héritage et le drapeau de l'indépendance, du socialisme", a écrit le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro sur Twitter. "Je viens de parler avec le président Raul Castro pour transmettre la solidarité et l'amour au peuple de Cuba", a-t-il ajouté.
"Je pleure la mort de Fidel Castro Ruz, chef de file de la Révolution cubaine et figure emblématique du XXe siècle", a écrit le dirigeant mexicain Enrique Pena Nieto sur le même réseau social.
En Bolivie, le président Evo Morales a tweeté: "Notre admiration et notre respect pour Fidel, le leader qui nous a enseigné à nous battre pour la souveraineté de l'Etat et la dignité des peuples du monde".
Zoé Valdés, écrivaine cubaine, réfugiée politique en France et opposante au régime castriste, a fait elle part de son soulagement sur Twitter:
Autre auteur cubain, Jacobo Machover s'est montré aussi très critique à l'égard du régime castriste dans Forum, évoquant notamment les milliers de Cubains qui cherchent toujours à quitter ll'île et les enfants victimes de la "propagande" à l'école.
Au contraire, l'ancien footballeur Diego Maradona a rendu hommage à son "second père": "C'est une journée horrible. On m'a annoncé la mort de celui qui était le plus grand, sans aucun doute. Fidel Castro est mort. Je suis terriblement triste, parce qu'il était pour moi comme un second père", a-t-il lâché.
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"Symbole d'une époque"
Le président russe Vladimir Poutine a évoqué samedi un "symbole d'une époque": "Cet homme d'Etat émérite est à juste titre considéré comme le symbole d'une époque de l'Histoire moderne du monde", a-t-il déclaré dans un message adressé au président cubain Raul Castro, ajoutant que Fidel Castro "était un ami sincère et fiable de la Russie".
(Fidel Castro) était le symbole d'une époque de l'Histoire moderne
Quant à l'ex-dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a indiqué que l'ancien dirigeant cubain avait pu "fortifier" son pays et résister au blocus américain.
"Le grand leader Fidel Castro a mené la lutte de son peuple et de son pays contre l'impérialisme et l'hégémonie pendant des décennies", a écrit le président syrien Bachar al-Assad dans une lettre de condoléances adressée à Raul Castro.
"Le camarade Castro vivra éternellement", a assuré le président chinois Xi Jinping dans un message, alors que le pape François a fait savoir dans un télégramme qu'il adressait des "prières au Seigneur pour son repos".
"Espoirs" et "désillusions"
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a salué une "personnalité d'envergure historique". Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a décrit Castro comme un "leader remarquable". Il a rappelé les liens étroits entre le Canada et Cuba, mais surtout la forte amitié entre son père, Pierre Elliott Trudeau et Fidel Castro.
En France, le président François Hollande a estimé dans un communiqué que "Fidel Castro était une figure du XXe siècle. Il avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu'elle avait suscités puis dans les désillusions qu'elle avait provoquées (...) Il avait su représenter pour les Cubains la fierté du rejet de la domination extérieure". Il a par ailleurs demandé que l'embargo qui "pénalise" Cuba soit définitivement" levé.
Pour l'ancien ministre français socialiste Jack Lang, l'ex-président cubain "était un géant de la scène internationale. Aux yeux des militants de ma génération, il incarnait l'esprit de résistance à l'impérialisme américain et la volonté de construire par la révolution une société plus juste".
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Mathieu Henderson/Eric Butticaz
Joie des Cubains à Miami
L'annonce de la mort de Fidel Castro a été accueillie dans la liesse par un millier de Cubains de Miami aux cris de "Cuba libre!", "liberté, liberté!", accompagnés de champagne, de selfies et de chants avec des concerts de tambours et de casseroles.
Spontanément, ils étaient plus d'un millier, de tous âges et parfois presque en pyjamas, à être descendus dans les rues des quartiers de la Petite Havane et Hialeah à Miami.