La décision est inédite dans les annales de la 5e République. "Un départ pour l'histoire et une issue inédite pour ce quinquennat douloureux", note donc vendredi le journal Le Point.
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"Sans moi": ces deux mots barrent la Une du quotidien Libération, qui salue une décision respectable de la part de François Hollande qui se "dissout lui-même", rapporte vendredi la revue de presse de l'émission Tout un monde (écoutez ci-dessus). "Rares sont les hommes politiques suffisamment lucides pour s'écarter volontairement du pouvoir au nom d'un intérêt plus grand, d'une solidarité nécessaire ou d'une idée", relève le quotidien français. Lucide, un mot qui revient aussi dans L'Obs.
Plus critique, Le Parisien reprend le slogan que François Hollande avait utilisé pour faire campagne lors de son élection: "Hollande renonce, Normal", titre-t-il en Une. Pour Ouest-France, il s'agit d'un aveu d'échec. "Il a préféré l'humiliation choisie, celle du renoncement, à l'humiliation subie". Enfin, Le Figaro parle de la "fin d'un président qui ne l'était pas", soulignant son mandat "calamiteux".
Il évite l'humiliation, observe la Suisse
Au-delà de l'Hexagone, la presse n'est pas beaucoup plus positive. "Un retrait plutôt qu'une défaite, l'impopulaire Hollande a fait son choix", remarque le Spiegel en Allemagne. Tandis que pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, seul Manuel Valls peut encore sauver la gauche.
En Suisse, Le Temps parle d'une "présidence sans lendemain". L'éditorial affirme qu'en renonçant, le président a préservé à la fois sa crédibilité personnelle et celle de sa fonction. Il évite l'humiliation, abondent L'Express et L'Impartial, et s'assure une sortie honorable.
La Liberté souligne, elle, l'humiliation que François Hollande n'évite pas mais qu'il a choisie. Son allocution avait quelque chose de "pathétique", conclut l'éditorialiste. Enfin, la Tribune de Genève remercie le président français et applaudit sa lucidité.
"Une décision qui traduit une crise profonde des institutions"
Sur les ondes de la RTS vendredi matin, le directeur du centre d'études européennes de l'Université de Fribourg, le Franco-Suisse Gilbert Casasus a lui aussi commenté l'allocution de François Hollande, parlant également d'une surprise et d'une décision lucide.
"Cette décision inédite traduit une crise profonde de la 5e Répbulique. On essaie de la rafistoler à coups de sparadraps mais elle est profondément malade, a insisté le politologue. Celui-ci est aussi revenu sur les erreurs du président: son livre-confidence "qui lui a clairement coûté à gauche" et le fait qu'il soit un très mauvais communicateur sur ses succès.
"Il y a des endroits où il est bon mais il ne le dit pas. Il a par exemple été la cheville ouvrière du deal avec la Grèce pour qu'elle reste dans la zone euro mais il n'a pas su le mettre en avant", a détaillé Gilbert Casasus, ajoutant que François Hollande avait aussi été lâché par certaines personnalités comme par Barack Obama sur l'intervention en Syrie.
L'universitaire a encore noté que la primaire de gauche allait être une véritable foire d'empoigne, mais que la gauche pourrait profiter de l'espace politique laissé vacant par Alain Juppé et que François Fillon n'occupe pas: le centre.
Sophie Badoux