Pour son premier déplacement après l'annonce de François Hollande de ne pas briguer un second mandat présidentiel, le Premier ministre Manuel Valls, désormais favori à l'investiture de gauche s'il décide de se présenter, n'a pas évoqué ses ambitions.
Certains laissaient entendre que le chef du gouvernement, qui n'a pas fait mystère ces derniers temps de sa volonté d'entrer dans la course, pourrait en dire davantage samedi à Paris, lors du meeting de la Belle alliance populaire, organisatrice de la primaire qui désignera le représentant de la gauche pour la présidentielle de 2017. Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a toutefois déclaré qu'il n'était pas "conforme" au but de la réunion que le Premier ministre s'y exprime.
Si Manuel Valls franchissait le pas, la question de son départ de Matignon se poserait rapidement et certaines voix évoquent déjà la nomination du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Du "respect" pour François Hollande
A Nancy, Manuel Valls a surtout voulu rendre hommage au chef de l'Etat sortant, à qui il a dit son "respect", son "affection" et la "fierté" d'avoir travaillé à ses côtés en tant que ministre de l'Intérieur, puis à Matignon. "La décision du président est celle d'un homme d'Etat", a-t-il déclaré dans un discours.
François Hollande a toujours privilégié le rassemblement
"Nous devons défendre le bilan, nous devons défendre cette action et je le ferai, comme je le fais inlassablement dans les fonctions qui ont été les miennes depuis 2012", a encore déclaré Manuel Valls.
Des soutiens déjà déclarés
A gauche, les réactions ne manquent pas également et beaucoup souhaitent une candidature de Manuel Valls. "Pour moi, celui qui a la force de pouvoir y aller aujourd'hui, c'est Manuel Valls", a estimé vendredi sur RTL le ministre de la Ville Patrick Kanner.
"Manuel Valls est le candidat qui est solidaire de François Hollande sur le projet que nous portons en majorité au Parti socialiste. Et, aujourd'hui, il a évidemment toute sa légitimité pour prolonger le travail qui a été fait", a de son côté jugé la secrétaire d'Etat à l'Aide aux victimes Juliette Méadel sur Europe 1.
agences/boi
Hamon et Montebourg pas convaincus
Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, ministres de François Hollande jusqu'en 2014 et aujourd'hui prétendants à la succession, considèrent eux que Manuel Valls n'a pas le profil lui permettant d'incarner l'avenir de la gauche.
Selon Benoît Hamon, le sort de la gauche tout entière est en jeu derrière cette querelle de personnes. "Ce que nous allons trancher, ce n'est pas rien : savoir si le Parti socialiste se trouve toujours au centre de gravité de la gauche ou est-ce qu'il se déporte progressivement vers une préférence au centre", a estimé l'ex-ministre de l'Education, interrogé sur RTL. "Une préférence au centre qu'a parfaitement incarnée Manuel Valls".
Des "doublures" pour Marine Le Pen
La présidente du Front national Marine Le Pen a estimé que le renoncement de François Hollande "marquait l'échec très lourd du quinquennat". Et d'ajouter qu'elle allait avoir contre elle des "doublures", qui "ont les défauts des premiers rôles", tablant manifestement sur une candidature de Manuel Valls, après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite.
Pour elle, "les Premiers ministres vont essayer de faire croire qu'ils n'ont aucune responsabilité dans le bilan, le passif des quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande. A charge pour nous de rappeler que les Premiers ministres ont une responsabilité intégrale dans les politiques menées".