"L’Italie est à la croisée des chemins", estime La Stampa, qui souligne les divisions profondes qui subsistent sur l’idée même de ce que doit être le pays. "D’où l’importance après ce référendum de tout faire pour renforcer l’unité nationale, d’avoir un pacte social, de renforcer les droits civiques", poursuit le quotidien.
L'éditorial de La Repubblica évoque "le risque du saut dans l’inconnu" et regrette "l’idée malvenue de Renzi de transformer ce référendum en plébiscite". "Dans les démocraties occidentales, aucun gouvernement ne peut remporter ce type de vote après 1000 jours au pouvoir, même pas Angela Merkel".
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Réformes économiques urgentes
Il Corriere della Sera estime que l'erreur du président du Conseil a été de "personnaliser" le référendum, mais aussi de mettre l’accent sur cette réforme par rapport à d’autres plus importantes en matière d'économie, notamment.
Et justement, l’agenda économique ne peut plus attendre, note Il Sole 24 ore. Il faut des propositions et des actes qui puissent clairement démontrer à tous que l’Italie n’est pas imperméable à toute réforme, estime le quotidien économique.
"Un doigt d'honneur pour Renzi"
Le référendum a également eu un écho dans la presse internationale.
"Un doigt d’honneur pour Renzi", titre par exemple El Païs. Le chef de l'Etat italien est arrivé au pouvoir sans passer par les urnes, et voilà qu’elles le dévorent parce qu’il a surestimé sa réputation auprès des Italiens, et qu’il a voulu faire passer sa micro-révolution sans le soutien de son parti, analyse le quotidien espagnol.
Le chef du gouvernement italien a fait l’erreur de lier son sort au résultat du référendum alors qu’il était au plus haut dans les sondages.
L’Italie se réveille plongée dans l’incertitude politique et économique, estime le New York Times. Le quotidien parle d’une bourde stratégique de Renzi, qui rappelle celle de David Cameron, en Grande-Bretagne.
"Pas forcément une victoire des populistes"
En moins de six mois, c’est le troisième choc majeur pour l’Europe après le Brexit et l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, constate Die Welt. Les Italiens ont rejeté leur plus grande opportunité d’avoir un meilleur avenir et les Européens portent une part de responsabilité, parce qu’ils n’ont rien fait pour soutenir Renzi, estime le journal allemand.
Le Guardian voit lui "une défaite nette pour Renzi mais pas forcément une victoire pour les partis populistes et xénophobes en Italie". De nombreux Italiens qui ont dit non dimanche ne voteront pas pour la Lega et le parti 5 étoiles, selon le quotidien britannique.
Patrick Chaboudez/jvia
"Pas une surprise"
Ce résultat n'est "pas une surprise" a estimé Claudio Micheloni, sénateur des italiens de l'étranger résidant dans le canton de Neuchâtel, lundi dans le Journal du matin de la RTS. Membre du Partito democratico de Matteo Renzi, il était pourtant opposé à la réforme.
"Elle ne simplifiait pas le système politique. Elle l'allégeait de quelques sièges de sénateurs, mais ce n'était pas le problème de fond. Cela réduisait le pouvoir du peuple dans notre démocratie", a-t-il estimé lundi dans le Journal du matin.
"La partie de la majorité qui n'était pas d'accord avec cette réforme ne l'a jamais liée à la vie ou à la mort du gouvernement. C'est le président du Conseil qui a commis cette erreur", a-t-il ajouté.
Claudio Micheloni ne s'inquiète toutefois pas d'un nouveau bouleversement à la tête du pays, qui a déjà connu 60 gouvernements en 68 ans: "Les gouvernements ont changé en Italie, mais les institutions ont tenu. L'état de santé de l'Europe est beaucoup plus préoccupant."
"La question structurelle n'est pas le problème en Italie"
"Matteo Renzi, qui n'avait pas été élu, a voulu tester sa légitimité politique par le référendum. (...) Il s'est trompé complètement", a réagi Fabrizio Sabelli, anthropologue, économiste et professeur honoraire à l'Institut des hautes études internationales et du développement à Genève lundi dans le Journal du matin. Il pointe notamment le manque d'expérience politique du jeune chef de l'Etat italien.
Pour lui, le président du Conseil a commis une erreur. "La simplification du système n'a rien à voir avec le résultat du vote (...) La question structurelle n'est pas la raison principale pour laquelle l'Italie va mal. Elle va mal à cause de la corruption, de l'évasion fiscale et de la malhonnêteté de la classe politique", analyse Fabrizio Sabelli.
Matteo Renzi, lui, malgré son gouvernement de gauche, "n'a pas su mettre fin au berlusconisme, il n'a fait qu'achever son travail (...) le référendum constitutionnel était d'ailleurs au programme de Berlusconi", ajoute-t-il.