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François Fillon, l'ex-favori qui divise son camp politique

Porteur d'un programme économique très libéral, François Fillon a su déjouer les pronostics pour devenir le candidat de la droite et du centre à la présidentielle. Une heure de gloire vite éclipsée par une affaire d'emplois fictifs présumés qui a plombé sa campagne.

"J'ai tout aimé de la politique, même les petits matins blêmes où l'on est seul à coller ses propres affiches, mêmes les salles vides où commencent parfois, à l'écart de tout, le chemin des victoires les plus inattendues et les plus brillantes", écrivait François Fillon dans "Faire", un livre paru en septembre 2015.

Longtemps habitué aux seconds rôles et remisé au rang de "collaborateur" par Nicolas Sarkozy trois mois après sa nomination en mai 2007, François Fillon est resté Premier ministre durant tout le quinquennat ans l'ombre du président. Quatre ans après la défaite de 2012, il a semblé recueillir les fruits de sa ténacité et de sa constance en remportant la primaire de son camp.

Mais après la gloire, la chute. Les emplois présumés fictifs de sa compagne Penelope ont plombé sa campagne, divisé son camp et attisé l'incertitude sur un éventuel renoncement. Mais François Fillon, qui a avoué avoir commis une faute, a toujours gardé le cap, assurant que "personne ne pouvait le pousser à renoncer".

François Fillon: "Personne ne peut aujourd'hui m'empêcher d'être candidat"

De la surprise au rassemblement

A 62 ans, François Fillon avait créé la surprise en s'imposant largement au premier tour dans une primaire de la droite et du centre que les sondeurs voyaient comme un duel entre son ancien "patron", Nicolas Sarkozy, et l'ancien Premier ministre Alain Juppé, 71 ans.

Accusé tour à tour d'être "réac", "rétrograde" ou "brutal", le Sarthois a tenu bon entre les deux tours et a largement vaincu Alain Juppé au soir du deuxième tour avant de rassembler toute sa famille politique derrière lui. Cet homme austère a ensuite concédé n'avoir qu'un seul "regret": "ne pas avoir convaincu plus tôt".

J'ai maintenant le devoir de convaincre tout un pays que notre projet est le seul qui puisse nous hisser vers le haut, pour l'emploi, pour la croissance, pour battre ces fanatiques qui nous ont déclaré la guerre. J'ai le devoir de redonner confiance aux Françaises et aux Français"

François Fillon

"Les électeurs de la droite et du centre ont trouvé dans ma démarche les valeurs françaises auxquelles ils sont attachés. Ces valeurs, je les défendrai et nous les partagerons avec tous ceux qui, dans leurs différences, aiment la France. Personne ne devra se sentir exclu d'une société que je veux plus juste et plus solidaire", a-t-il déclaré au soir de sa victoire.

Moins de fonctionnaires et fin des 35 heures

François Fillon défend un programme conservateur sur les questions de société et très libéral en économie, avec une cure d'austérité sévère et un grand retour aux valeurs traditionnelles.

Son objectif est d'économiser 100 milliards d'euros en cinq ans sur les dépenses publiques, ce qui se traduira par une réduction de 500'000 postes dans le service public, sur un total de 5,4 millions dépendant de l'Etat. L'âge de la retraite serait repoussé de 62 ans à 65 ans.

Il promet aussi d'en finir très rapidement avec la durée légale du temps de travail de 35 heures hebdomadaires, mesure phare de la gauche, régulièrement contestée depuis son entrée en vigueur il y a plus de quinze ans. Il prône un retour aux 39 heures, payées 37, pour les fonctionnaires et entend laisser à la négociation la durée du temps de travail dans les entreprises, dans la limite des 48 heures par semaine fixée par le droit européen.

François Fillon compte aussi s'attaquer au système de protection sociale publique, auquel les Français sont très attachés. Il veut concentrer les remboursements de l'assurance-maladie sur "les affections graves et de longue durée", le reste incombant aux assurances privées.

La fiscalité des entreprises serait allégée, dans l'idée de les rendre plus compétitives, l'impôt sur la fortune (ISF) supprimé et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) augmentée de deux points.

La famille au centre

François Fillon, qui revendique sa foi catholique, promeut par ailleurs une vision traditionnelle de la famille. Il veut rétablir des avantages pour les familles les plus aisées supprimés par la gauche, il s'oppose à la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et les lesbiennes, il rejette la gestation pour autrui.

François Fillon promet de ne pas toucher au droit à l'avortement, même s'il s'y oppose à titre personnel, compte tenu de sa foi.

Après m'avoir traité d'ultralibéral, on me peint sous les traits d'un réactionnaire moyenâgeux. C'est grotesque et ridicule!

François Fillon

Il veut empêcher le retour en France des djihadistes partis combattre à l'étranger et leur retirer la nationalité française. Les étrangers "appartenant à la mouvance terroriste" seraient expulsés.

A ses yeux, l'immigration doit être contrôlée, avec la mise en place de quotas, et l'accès des étrangers aux prestations sociales limitée.

agences/boi

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Déjà 35 ans de carrière

Initié à la politique par son mentor Joël Le Theule, député RPR de la Sarthe, François Fillon a siégé dès 1981, à 27 ans, sur les bancs de l'Assemblée nationale. En 1980, il épouse une Galloise, Penelope, dont il aura cinq enfants. Trois ans plus tard, il conquiert la mairie de Sablé-sur-Sarthe dont il fera son fief électoral et se rapproche de Philippe Séguin.

François Fillon a fait ses premiers pas ministériels en 1993 dans le gouvernement de cohabitation d'Edouard Balladur. Il fut l'un des rares "balladuriens" à échapper à la vindicte chiraquienne après la présidentielle de 1995 et devint ministre d'Alain Juppé.

De 1993 à 2005, il participe à tous les gouvernements de droite, à l'Enseignement supérieur, à l'Education et aux Affaires sociales.

En mars 2004, il subit aux régionales son premier revers électoral en 23 ans de carrière. Après la défaite du 6 mai 2012, François Fillon avait choisi de se faire élire dans la 2e circonscription de Paris, songeant un temps aux élections municipales parisiennes de 2014 avant de voir "plus loin".