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Des raids du régime syrien empêchent l'évacuation des civils à Alep

De nouveaux bombardements aériens à Alep-Est malgré l'accord de cessez-le-feu
De nouveaux bombardements aériens à Alep-Est malgré l'accord de cessez-le-feu / L'actu en vidéo / 39 sec. / le 14 décembre 2016
Le régime syrien a repris mercredi ses bombardements sur la dernière poche rebelle d'Alep, a annoncé l'OSDH, alors que les violences ont repris dans la ville. L'accord prévoyant l'évacuation de civils a été suspendu.

Après un répit d'une quinzaine d'heures, le dernier carré rebelle à Alep a connu des bombardements d'artillerie, avant que l'aviation syrienne ne reprenne ses raids aériens, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Un accord d'évacuation de civils et de combattants anti-régime a lui été suspendu.

>> Lire aussi : Vague de mobilisation en Europe contre l'assaut militaire à Alep

Le journaliste de l'AFP en secteur rebelle a notamment vu un tank du régime tirer en direction de la poignée de quartiers encore tenus par les insurgés.

Civils blessés

Il a également vu des civils blessés autour de lui. Des habitants tentaient de trouver refuge dans les entrées d'immeubles tandis que d'autres fuyaient dans les rues à la recherche en vain d'un abri, a-t-il constaté.

La télévision d'État syrienne affirme de son côté que six civils ont été tués "dans des tirs d'obus des rebelles" sur le quartier de Boustane al-Qasr, récemment repris aux insurgés par l'armée. Elle a ensuite annoncé un septième mort dans des tirs visant un autre quartier du régime.

L'OSDH a fait état de "dizaines d'obus tirés sur les quartiers tenus par les rebelles", qui "ont riposté en tirant au moins huit obus sur les zones gouvernementales". "En plus des violents bombardements, il y a de très violents combats en cours sur les lignes de démarcation" a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Evacuation bloquée

Cette flambée de violences intervient alors que les espoirs d'une évacuation rapide de milliers de civils affamés et assiégés dans le réduit rebelle ont été douchés (lire aussi encadré).

L'allié russe du dictateur syrien Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché les hostilités, mais le parrain de l'opposition, la Turquie, a blâmé les troupes du régime et leurs alliés.

Selon les rebelles, dont l'explication a été confirmée par un responsable onusien, l'Iran exige que l'évacuation à Alep ait lieu simultanément avec l'exfiltration des blessés de Foua et Kefraya, deux villages chiites syriens assiégés par la rébellion dans la province d'Idlib, au sud-ouest d'Alep.

>>Voir en vidéo l'évacuation des rebelles retardée:

L'évacuation des rebelles de la ville d'Alep retardée
L'évacuation des rebelles de la ville d'Alep retardée / L'actu en vidéo / 32 sec. / le 14 décembre 2016

Erdogan va appeler la Russie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il allait appeler son homologue russe Valdimir Poutine "ce soir" pour tenter de sauver la trêve.

"Profitant de la trêve, des rebelles se sont regroupés à l'aube et ont essayé de franchir les positions des troupes syriennes", a de son côté affirmé l'armée russe dans un communiqué. "L'attaque des terroristes a été repoussée. L'armée syrienne a prolongé ses opérations de libération", poursuit le texte. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé que les forces pro-gouvernementales écraseraient les dernières poches de résistance des insurgés d'Alep d'ici deux à trois jours.

Alep va s'ajouter à la liste des événements de l'histoire mondiale qui entachent encore nos consciences des dizaines d'années plus tard

Samantha Power, ambassadrice américaine à l'ONU

A l'ONU, les Etats-Unis ont condamné le déchaînement de violence qui a visé Alep.

"Alep va s'ajouter à la liste des événements de l'histoire mondiale qui définissent le mal contemporain, qui entachent encore nos consciences des dizaines d'années plus tard. Halabja, le Rwanda, Srebrenica, et aujourd'hui Alep", a dit l'ambassadrice américaine, Samantha Power, avant d'interpeller directement la Syrie, la Russie et l'Iran: "Êtes-vous vraiment incapables d'éprouver de la honte ? N'y a-t-il littéralement rien qui puisse vous faire honte ?"

>> Témoignage du docteur Ziad Alissa dans le 12h30 :

Ziad Alissa, président de l’Union des Organisations de soins et secours médicaux en Syrie. [afp - Bertrand Guay]afp - Bertrand Guay
Flambée de violences à Alep et suspension de l’évacuation des civils / Le 12h30 / 4 min. / le 14 décembre 2016

reuters/vtom/jgal

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Un millier d'évacués seraient retenus hors de la ville

Près d'un millier de personnes sont retenues à un point de passage tenu par une milice iranienne aux abords d'Alep, rapporte mercredi l'agence de presse turque Anatolie, citant le directeur du Croissant-Rouge turc. Elles avaient été évacuées dans la nuit de la partie rebelle de la ville après la conclusion d'un accord de cessez-le-feu.

"Ces gens avaient passé le point de contrôle russe, mais, après avoir quitté Alep, ils ont été bloqués à un deuxième point de contrôle où une milice iranienne était présente et on les empêche toujours de passer", a déclaré Kerem Kinik, selon Anatolie.

Nouvel appel de la Suisse

Dans un communiqué publié mercredi, le Département fédéral des affaires étrangères a une nouvelle fois lancé un appel humanitaire dans la crise syrienne, exhortant toutes les parties à "respecter leurs obligations de droits de l’homme" et à "protéger la population civile piégée par les combats".

Pour Didier Burkhalter, cité par le texte, "seule une solution politique peut permettre d’ouvrir la voie à une paix durable et donc de stopper enfin les souffrances de la population civile". Et de préciser que l'engagement humanitaire de Berne allait être intensifié.

La section suisse d'Amnesty International a elle appelé le Conseil fédéral à agir en faveur des victimes du conflit en Syrie et de la bataille d'Alep. La Confédération doit notamment traiter "de manière généreuse et expéditive" les demandes de visas humanitaires.

Le gouvernement et le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) sont exhortés à examiner "une nouvelle action limitée" de regroupement familial. Les Syriens résidant sur le sol helvétique doivent pouvoir faire venir "de façon non bureaucratique" en Suisse leurs parents qui seraient touchés par les combats ou les déplacements de population, ajoute l'organisation de défense des droits de l'homme.