Un responsable rebelle a expliqué que l'accord conclu samedi comportait trois volets: l'évacuation des deux villages chiites de la province d'Idleb assiégés par les insurgés, al-Foua et Kefraya, l'évacuation des personnes blessées de Madaya et Zabadani, deux communes bloquées par les forces progouvernementales près de la frontière libanaise, et l'évacuation totale de la partie est d'Alep encore tenue par les rebelles.
L'information a été confirmée dans l'entourage du gouvernement syrien.
Températures glaciales
Il resterait environ 40'000 civils dans le réduit que tiennent encore les insurgés à Alep et entre 1500 et 5000 combattants avec leurs familles, selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Dans le quartier d'Al-Amiriyah, encore tenu en partie par les insurgés et d'où commence le périple des évacués, des milliers de personnes ont passé la nuit dans les ruines des immeubles par des températures avoisinant les -6 degrés. Privés d'eau potable et de nourriture, les habitants épuisés et affaiblis subsistent en mangeant des dattes.
Confusion et complexité
L'évacuation commencée jeudi a été interrompue vendredi parce que les forces progouvernementales exigeaient que deux villages assiégés par les rebelles soient eux aussi évacués. Les images du retour des habitants qui n'ont pas pu être évacués vendredi:
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La confusion dans laquelle se fait l'évacuation d'Alep-Est est le reflet de la complexité de la guerre civile en Syrie dans laquelle sont impliqués, de chaque côté, de très nombreux groupes et intérêts étrangers.
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reuters/rens/kkub
L'Iran pointé du doigt par les rebelles
Les rebelles syriens ont accusé samedi l'Iran et les milices chiites qui lui sont affiliées d'empêcher la conclusion d'un accord sur l'évacuation des civils encore présents dans les quartiers est d'Alep.
"L'Iran et ses supplétifs sectaires tirent avantage de la situation humanitaire de notre peuple dans Alep assiégée et empêchent les civils de partir dans l'attente de l'évacuation de leurs groupes à Foua et Kefraya", affirme Mounir al Sayal, chef de l'aile politique du groupe Ahrar al Cham participant aux négociations avec le régime syrien.
Micheline Calmy-Rey: "La diplomatie a échoué, la force l'emporte."
Interrogée par la RTS samedi, l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a évoqué une "faillite du système des Nations Unies" ainsi qu'une "violation crasse des droits de l'homme" en Syrie.
"On a tablé sur la diplomatie, or, la diplomatie occidentale a lamentablement échoué", affirme l'ex-ministre des Affaires étrangères.
"Aujourd'hui, c'est la force qui l'emporte. Les Russes seront maîtres du jeu dans la reconstruction du pays" à la fin de la guerre, ajoute-t-elle.
L'ex-ministre a également souligné le "changement majeur" qui pourrait s'amorcer pour la suite des négociations - non plus à Genève sous l'égide des Nations Unies, mais à Astana au Kazakhstan, avec la médiation de la Turquie - ainsi qu'une modification profonde de l'équilibre sunnites-chiites dans la région.