L'Ethiopie a inauguré samedi le barrage le plus haut d'Afrique, un projet qui doit permettre au pays de presque doubler sa capacité énergétique mais qui menace, selon ses détracteurs, le mode de vie des populations locales ainsi qu'un lac kényan classé au patrimoine mondial de l'Humanité.
L'inauguration de ce barrage, haut de 243 mètres, s'est déroulée "en présence de ministres et ambassadeurs de plusieurs pays, dont le Premier ministre Hailemariam Desalegn", a annoncé la radio d'Etat Fana sur son site internet.
Troisième barrage hydroélectrique d'Afrique
"Gibe III", situé à environ 350 kilomètres au sud-ouest de la capitale Addis Abeba, est le plus important d'une série de barrages hydroélectriques que l'Ethiopie construit le long de la rivière Omo, qui s'écoule du nord vers le sud.
A terme, il doit atteindre une capacité de 1870 mégawatts, ce qui en ferait le troisième barrage hydroélectrique le plus puissant d'Afrique et porterait la capacité énergétique de l'Ethiopie à 4200 MW.
afp/kkub
L'arrêt de mort du lac Turkana au Kenya voisin?
Les détracteurs de "Gibe III", qui a déjà commencé à produire de l'électricité en 2015, craignent qu'il ne bouleverse la vie de centaines de milliers de personnes vivant en aval jusqu'au lac Turkana, au Kenya voisin, et de condamner ce lac qui tire 80% de ses ressources du fleuve, selon les écologistes kényans.
La partie méridionale de vallée de l'Omo et le lac Turkana sont tous deux classés au patrimoine mondial de l'Humanité.
En 2011, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco, l'agence des Nations Unies pour la culture et l'éducation, avait appelé l'Ethiopie "à arrêter immédiatement tous travaux de construction" de Gibe III.